Abstract: FR. Dans cet article, j’examine les corrélations entre crise économique, changements de pratiques d’éloignement des étrangers et création de catégories d’indésirables. Pour ce faire, je me penche sur les expériences individuelles des étrangers polonais pour voir comment le rapatriement des étrangers est devenu un moyen d’éloigner les étrangers pour des raisons politiques, alors qu’il était destiné à éloigner les étrangers qui se retrouvaient sans moyens de subsistance à la suite de la crise économique des années 1930. Cette étude se base sur les archives de la Police des étrangers : les dossiers généraux sur le rapatriement des chômeurs et les dossiers individuels des étrangers polonais expulsés. Cette recherche montre que la réponse du gouvernement belge à la crise économique a été, d’une part, une nouvelle utilisation du rapatriement et, d’autre part, la création d’une nouvelle catégorie d’indésirables. NL. In dit artikel bevraag ik de correlaties tussen de economische crisis, veranderingen in de verwijderingspraktijken van vreemdelingen en de creatie van categorieën van ongewenste personen. Daartoe bekijk ik de individuele ervaringen van immigranten om na te gaan hoe hun repatriëring een methode werd om vreemdelingen om politieke redenen te verwijderen, terwijl ze oorspronkelijk bedoeld was om vreemdelingen te verwijderen die als gevolg van de economische crisis van de jaren dertig geen middelen van bestaan meer hadden. Deze studie is gebaseerd op de archieven van de Vreemdelingenpolitie: de algemene dossiers over de repatriëring van werklozen en de individuele dossiers van uitgezette personen. Dit onderzoek toont aan dat het antwoord van de Belgische overheid op de economische crisis enerzijds een nieuw gebruik van repatriëring was en anderzijds de creatie van een nieuwe categorie “ongewenste personen”. PubDate: Thu, 06 Apr 2023 00:00:00 +020
Abstract: NL. De dienst Openbare Veiligheid (O.V.) controleerde vreemdelingen en zette ongewensten het land uit. Hiervoor rekende het op verschillende actoren, waaronder de rechterlijke macht. Dit artikel bespreekt de verhoudingen tussen beide instellingen op twee niveaus. Ten eerste, hoe hingen ze onderling van elkaar af op vlak van informatieverstrekking' Het toont aan dat correctionele rechtbanken, via informatiebulletins over vervolgde of veroordeelde vreemdelingen, een essentiële schakel vormden voor de O.V. om repressief op te treden. Omgekeerd rekenden rechtbanken niet op de O.V. om antecedenten te controleren of veroordeelden bij verstek te localiseren. Ten tweede bespreekt het artikel hoe de rechterlijke macht de bevoegdheid van de O.V. over vreemdelingen beïnvloedde. Het machtsmonopolie van de O.V. over uitwijzingen werd door lagere rechtbanken verschillende keren betwist. Deze vonnissen werden echter telkens aangevochten en uiteindelijk herroepen door het Hof van Cassatie. De analyse van de verhoudingen bewijst dat het concept « crimmigration » diepgeworteld zit in het bureaucratisch apparaat van moderne natiestaten. FR. Au cours du 19e siècle, la Sûreté Publique (S.P.) contrôlait les étrangers et expulsait les « indésirables ». Pour ce faire, elle s’appuyait sur différents acteurs, dont le système judiciaire. Cet article analyse deux aspects de la relation entre ces deux institutions. Premièrement, leur interdépendance quant à l’échange d’informations pour leur bon fonctionnement respectif. D’une part, grâce au bulletin de poursuite ou de condamnation à charge de l’étranger, les tribunaux correctionnels représentaient une source d’information clef pour la S.P., lui permettant d’agir de façon répressive. D’autre part, les tribunaux ne comptaient pas sur la S.P. pour s’informer sur les antécédents des étrangers ou de localiser des condamnés par défaut. Deuxièmement, l’article analyse à quel point le système judiciaire a influencé l’autorité de la S.P., en particulier son monopole sur les expulsions. Divers tribunaux ont contesté ce monopole, mais leurs verdicts ont été contestés à chaque fois et finalement révoqués par la Cour de cassation. L’étude de cette relation démontre que le concept de « crimmigration » est fermement enraciné dans l’apparat bureaucratique de l’État-nation moderne. PubDate: Thu, 06 Apr 2023 00:00:00 +020
Abstract: Les recherches liées à la contribution des minorités ethniques sur la scène artistique en Belgique ne sont pas encore légion. Ceci pose la question des enjeux de mémoire et d’archivage des expressions culturelles et artistiques des minorités, et des Belgo-Marocains en particulier. En effet, celles-ci nous permettent de comprendre les enjeux d’un contexte, car les artistes sont des caisses de résonnance des dynamiques sociales, culturelles et politiques en cours. Cet article présente un double objectif. D’une part, il a pour objet d’identifier les sources permettant de pallier cette méconnaissance de cette partie de l’histoire migratoire des Belgo-Marocains dans la littérature. D’autre part, l’idée est de partager les difficultés liées à l’archivage de ces expressions culturelles et artistiques ainsi que les alternatives méthodologiques mises en place pour retracer cette histoire, dans le contexte belge francophone en particulier. Research related to the contribution of ethnic minorities to the artistic scene in Belgium is not yet well documented. This brings up the issue of memory and archiving of cultural and artistic expressions of minorities, and of Belgo-Moroccans in particular. Indeed, these expressions allow us to understand the challenges of a context, as artists are the resonance boxes of the social, cultural, and political dynamics in progress. This article has a double objective. On the one hand, it aims to identify sources that can help to overcome the lack of knowledge of this part of the migratory history of the Belgo-Moroccans in the literature. On the other hand, the idea is to share the difficulties related to the archiving of these cultural and artistic expressions as well as the methodological alternatives put in place to trace this history, in the French-speaking Belgian context. PubDate: Thu, 06 Apr 2023 00:00:00 +020
Abstract: Le 15 octobre 2021, l’exposition virtuelle « Archives, mémoires et identités métisses. Regard sur le projet de recherche “Résolution-Métis” en cours aux Archives de l’État » est mise en ligne. Quelques semaines plus tôt, l’équipe du projet annonçait le lancement de cette exposition lors de la Journée d’histoire belge des migrations. Cet espace virtuel offre un aperçu, à travers une sélection de documents contextualisés, de l’histoire encore peu connue des Métis nés durant la période coloniale belge et des pratiques de séparation et de déplacements forcés dont ils et elles ont souffert. Mais il est avant tout destiné à offrir, en toute transparence, un regard sur la manière dont travaille l’équipe sur ce sujet sensible et complexe. Nous allons revenir dans cet article sur les différents enjeux qui ont entouré la conception de cette exposition, mais aussi sur le contexte particulier qui l’a vu naitre et sur les objectifs que l’équipe s’est fixés, notamment en matière d’accessibilité et de co-construction du récit historique. On 15 October 2021, the virtual exhibition "Archives, memories and Métis identities. A glance at the "Resolution-Métis", ongoing at the State Archives". A few weeks earlier, the project team announced the launch of this exhibition on the occasion of the Belgian Migration History Day. This virtual space offers a brief overview, through a selection of contextualised documents, of the little-known history of the Métis born during the colonial period and the forced displacement they suffered. But above all, it is intended to offer a transparent look at the way the project team works on such a sensitive and complex issue. In this article, we will look back at the different challenges that surrounded the conception of this exhibition, but also at the context in which it was conceived and at the objectives that the team wanted to achieve, particularly in terms of accessibility and co-construction of the historical narrative. PubDate: Thu, 06 Apr 2023 00:00:00 +020
Abstract: En 1946, les Italiens ne viennent pas tous travailler dans les mines : 130 travailleurs de la province de Vicenza arrivent en 1946-47 dans l’entreprise Céramique Nationale de Welkenraedt. L’usine, désaffectée, a été détruite. Par ailleurs, les descendants des travailleurs restés sur place paraissent parfaitement intégrés. Cette immigration est-elle vouée à l’oubli ' La recherche, basée sur des témoignages et la consultation des registres de population de la commune, met en lumière la diversité des profils de ces immigrés. Elle se penche sur leurs trajectoires, leurs conditions de vie et de travail en Italie puis à Welkenraedt, et leur devenir après une expérience de durée variable dans l’entreprise. Enfin, elle interroge la deuxième génération sur ses liens avec les racines transalpines. Ce travail, qui se veut une contribution à la mémoire intrafamiliale et à la mémoire collective, a été publié avec le soutien de la Province de Liège. In 1946, the Italians did not all come for a job in the mines: 130 workers from the province of Vicenza arrived in 1946-47 in the factory Céramique Nationale of Welkenraedt. The company no longer exists, the descendants of the workers who remained in Belgium seem to be perfectly integrated: is this immigration doomed to oblivion' The research, based on testimonies and the consultation of the population registers of the municipality, brought to light the diversity of the profiles of these people. It examines their trajectories, their living and working conditions in Italy and then in Welkenraedt, and their future after a variable length of experience in the company. The research finally focuses on the links maintained by second-generation people with their Italian roots. This work, which aims to be a contribution to intra-family and collective memory, has been published with the help of the Province of Liège. PubDate: Thu, 06 Apr 2023 00:00:00 +020
Abstract: Malgré un retour formel à la démocratie, une part importante des jeunes qui quittent l’Italie après la Seconde guerre mondiale le font poussés aussi par le climat politique qui touche personnellement leur vie. Dans la première partie on présente des histoires de lutte et répression qui nous aident à saisir ce climat. Dans la seconde, on donne des exemples de cette émigration politique vers la Belgique. En effet, leur défaite à la fin du cycle de conflictualité sociale de l’après-guerre avait rendu la vie impossible à ces travailleurs politiquement engagés. Despite a formal return to democracy, a significant proportion of the young people who left Italy after the Second World War did so also because of the political climate that affected their lives personally. In the first part we present stories of struggle and repression that help us to understand this climate. In the second part we give examples of this political emigration to Belgium: their defeat at the end of the post-war cycle of social conflict made life impossible for these politically committed workers. PubDate: Thu, 06 Apr 2023 00:00:00 +020
Abstract: Le 1er août 1974, le gouvernement belge décréta l’arrêt de l’immigration de travail non qualifié en provenance des pays non-membres de la CEE. La décision fut accompagnée d’une campagne de régularisation des travailleurs clandestins étrangers. Si le mouvement social à l’origine de la mesure et la mobilisation syndicale qui en prit le relais sont bien connus, le rôle qu’y jouèrent les principaux acteurs institutionnels impliqués reste encore un terrain peu exploré. Cet article analyse les enjeux sociopolitiques de cette régularisation et souligne les actions respectives des acteurs, tant publics (Administration de l’Emploi, Police des Étrangers, Affaires étrangères) que privés (fédérations patronales, organisations syndicales, associations d’aide aux migrants), parties prenantes à l’opération. On 1 August 1974, the Belgian government decreed a halt to the immigration of unskilled workers from non-EEC countries. The decision was accompanied by a campaign to regularize the illegally occupied foreigners. While the social movement behind the measure and the trade union mobilization that took over from it are well known, the role played by the main institutional actors involved remains a fairly explored field. This article analyses the sociopolitical issues of this regularization and highlights the respective actions of the actors, both public (Employment Administration, Foreigners’ Police, Foreign Office) and private (employers’ federations, trade unions, migrants’ aid associations), parties to the operation. PubDate: Thu, 06 Apr 2023 00:00:00 +020
Abstract: Entre 1952 et 1988, la compétence de déterminer le statut de réfugié a connu une évolution unique qui peut être attribuée à divers « bras de fer » entre principalement les Ministères de la Justice et des Affaires étrangères, et le HCR, qui se sont chaque fois traduits par des compromis typiquement belges. L’État belge a initialement confié cette responsabilité au HCR nouvellement créé, au moment un choix exceptionnel pour un pays de l’Europe de l’Ouest. Dans les années 1950, la reconnaissance de la qualité de réfugié comportait encore peu de risques pour le gouvernement. Cette situation a changé dans les années 1960, lorsque le profil du demandeur d’asile a évolué, la reconnaissance des réfugiés entrant davantage en conflit avec d’autres intérêts. Par conséquent, les ministères des Affaires étrangères et de la Justice ont voulu influencer la politique de reconnaissance de manière informelle dès la fin des années 60 afin de ne pas grever les prétendus intérêts belges. Dans les années 1970, la question a gagné en importance sur l’agenda politique, en partie parce que l’asile est devenu un canal d’immigration plus important. La loi sur les étrangers de 1980 a renforcé la position juridique des étrangers. Pourtant, le HCR ne pouvait pas garantir le droit d’appel. Cela a signifié la fin définitive du HCR en tant qu’acteur reconnaissant les réfugiés en 1988, la compétence de reconnaitre la qualité de réfugié ayant été transférée aux autorités belges. Between 1952 and 1988, the competence to conduct the refugee status determination process underwent a unique evolution attributable to several ‘tug-of-wars’ between mainly the ministries of Justice and Foreign Affairs, and the UNHCR, each time resulting in typical Belgian compromises. Initially, the Belgian state entrusted this responsibility, as practically the only West European country at the time, to the newly created UNHCR. In the 1950s, governments experienced few risks when granting refugee protection. This changed in the 1960s when the profile of the asylum seeker changed and recognition of refugees increasingly conflicted with other interests. Therefore, the Ministries of Foreign Affairs and Justice wanted to influence the recognition policy in an informal manner from the end of the ’60s in order not to burden the alleged Belgian interests. In the 1970s, the issue moved up on the political agenda, partly because asylum became a more important immigration channel. The 1980 aliens act strengthened the legal position of aliens. However UNHCR could not guarantee the right of appeal. This meant the definitive end of UNHCR as the authority entrusted with the recognition of refugees and the transfer of the competence to conduct the refugee status determination process to the Belgian authorities in 1988. PubDate: Thu, 06 Apr 2023 00:00:00 +020
Abstract: L’histoire a la vertu de révéler une société et ses acteurs à eux-mêmes. Ceci est plus vrai encore lorsqu’elle porte sur la manière dont ceux-ci traitent les étrangers et les migrants. C’est précisément ce qu’illustrent les contributions sur l’histoire des migrations en Belgique présentés dans ce numéro qui viennent opportunément parachever l’histoire de la société belge transformée par les différentes vagues migratoires et ce grâce à l’accès à de nouvelles sources documentaires et archives, notamment, du ministère de la Justice (Sûreté publique), de la Police des étrangers ou encore du ministère des Affaires étrangères. C’est l’histoire de femmes et d’hommes arrivés individuellement ou collectivement en Belgique à des époques et dans des contextes sociopolitiques et économiques variés, mais également par des modes migratoires (l’asile, le travail, le regroupement familial, le tourisme, les études) et des voies (légales ou pas) multiples depuis le 19e siècle. Certains articles apportent encore de nouveaux éclairages sur la migration italienne (Mignano et Mascitelli), déplore l’absence d’histoire et d’archives sur les artistes belgo-marocains (Zibouh) ou encore dévoile, autour d’une exposition virtuelle du projet Résolution-Métis (Garcia), un pan de l’histoire occultée de l’État colonial belge et du traitement réservé aux Métis nés dans les colonies qui ont subi des déplacements et une séparation forcée de leur famille, mais aussi, encore aujourd’hui, les conséquences administ PubDate: Thu, 06 Apr 2023 00:00:00 +020
Abstract: Anne Morelli est historienne. Parallèlement à sa carrière universitaire (professeure à l'ULB), elle a pendant 20 ans enseigné, avec plaisir et intérêt, l'histoire dans des écoles secondaires « à discriminations positives ». Auteure de plusieurs livres et de nombreux articles sur la présence italienne en Belgique, elle a aussi coordonné l'Histoire des étrangers et de l'immigration en Belgique, qui a obtenu, lors de sa sortie, le Prix de la communauté française comme meilleur ouvrage de vulgarisation. Elle a également publié un volume collectif consacré aux émigrants belges. Elle faisait partie de la mission française préparatoire à la création de la Cité de l'immigration à Paris. L'exposition « La mémoire retissée », qu'elle a imaginée avec son collègue Jean-Philippe Schreiber, était accompagnée d'un livre-catalogue illustré retraçant 100 ans d'immigration en Belgique. Anne Morelli a pris part à différentes autres initiatives muséales sur l'histoire de l'immigration en Belgique, comme la « Cantine des Italiens » d'Houdeng-Goegnies. L'un de ses cours à l'ULB (Contacts de cultures), donné chaque année à plusieurs centaines d'étudiants, était largement consacré à l'histoire des migrations. PubDate: Thu, 06 Apr 2023 00:00:00 +020