Authors:Emmanuelle Bruneel Pages: 9 - 36 Abstract: Cet article s’intéresse à une campagne de communication hybride qui fait la promotion du « volet parité » la politique « diversité » de l’entreprise Accenture intitulée Equals. Son objectif, à la fois institutionnel et promotionnel, est d’attirer les talents en montrant l’entreprise énonciatrice comme un espace de travail où il fait bon travailler. Diffusés dans l’espace public comme en interne de l’organisation, les affiches et leurs messages sont les objets analysés ici. Notre analyse critique du discours de campagne montre la manière dont il reproduit une bicatégorisation genrée normative en soulignant que l’engagement égalitariste déclaré est conditionné à une égalité préalable. Il souligne que les efforts consentis par l’entreprise en vue d’un traitement plus égalitaire sont arrimés à la démonstration des compétences et des performances professionnelles des femmes. Cette posture discursive renvoie implicitement au fait que celles-ci sont elles-mêmes responsables des phénomènes inégalitaires qu’elles subissent dans le monde du travail. Les inégalités sources de discriminations ne sont ici ni montrées ni prises en compte. Ce discours de campagne qui présente l’implication de l’entreprise pour davantage d’égalité constitue dès lors, paradoxalement, un discours à caractère euphémique et aux effets dépolitisants. PubDate: 2021-05-06 DOI: 10.14428/rcompro.vi12.53163
Authors:Sandrine Roginsky Pages: 37 - 59 Abstract: Par le prisme du genre, il est possible d’explorer les pratiques professionnelles en communication publique. Ainsi les modalités d’exploration, d’appréhension et de représentation des publics par les communicateurs et communicatrices pour élaborer leurs actions de communication sont déterminantes dans la prise en compte du genre. Comme les publics sont figurés au moyen de techniques gestionnaires qui isolent l’individu de son contexte social et ne mobilisent pas d’autres types d’aptitudes pour appréhender la complexité sociale dans le travail de représentation des publics, la question de la prise en compte du genre dans la communication est abordée sous un angle essentiellement technique. Ce faisant, le genre est vidé de sa dimension heuristique mais également contestataire pour être mobilisé comme critère de catégorisation qui se substitue à la catégorie « femmes » sans prise en compte des rapports de force et, par ricochet, sans capacité d’identifier les stéréotypes de genre. PubDate: 2021-05-06
Authors:Leveneur Laurence Pages: 60 - 90 Abstract: Les émissions de divertissement ont souvent été considérées comme plus propices que les programmes d’information à l’insertion professionnelle des femmes, en particulier dans les fonctions d’animation ou de production. Mais la catégorie « divertissement » recouvre des programmes divers : jeux, émissions de variétés, émissions pour la jeunesse, télé-réalité, etc. Afin de prendre la mesure de ce cantonnement des femmes à certains genres télévisuels, nous avons choisi d’étudier la place de celles qui ont occupé des fonctions d’animation, parfois doublées d’un rôle de productrices, dans deux genres historiquement corrélés : les jeux et les variétés télévisées. Partant d’extractions issues des bases archives et dépôt légal de l’Institut National de l’Audiovisuel, complétées par la lecture de documents écrits et le visionnage de plusieurs programmes, nous proposons ici de revenir sur ce qui semble être une ségrégation à plusieurs facettes, un confinement à certains rôles et à certains types de programmes. Nous montrerons alors que la place accordée aux femmes animatrices et productrices dans ces deux genres télévisuels reste somme toute très inégale comparée à leurs homologues masculins. PubDate: 2021-05-06 DOI: 10.14428/rcompro.vi12.55673
Authors:Marilou St-Pierre Pages: 91 - 113 Abstract: Les journalistes sportives évoluent dans un milieu hétérocentré où les relations qu’elles entretiennent avec les athlètes sont scrutées à la loupe. Dans cet article, nous verrons qu’entre 1970 et 2015, le mythe de la « salope », soit l’idée répandue selon laquelle les journalistes sportives choisiraient ce métier dans le but d’entretenir des relations intimes et sexuelles avec les sportifs, s’est peu à peu implanté au Québec. Ce mythe crée un double standard entre ce qui est perçu comme une pratique légitime pour les hommes et ce qui est acceptable pour les femmes, en plus de faire des journalistes sportives les gardiennes de la moralité dans un environnement où les demandes à leur égard sont contradictoires. PubDate: 2021-05-06 DOI: 10.14428/rcompro.vi12.61513