Authors:Marta Sukiennicka Pages: 9 - 25 Abstract: Les récents travaux des historiens des sciences ont démontré que la conscience environnementale n’est pas le propre de notre « modernité réflexive ». Dès le XVe siècle, l’agir humain est envisagé comme facteur de changement dans diverses théories du climat qui oscillent entre l’optimisme et la peur de la catastrophe. Cette conscience climatique imprègne la littérature catastrophiste qui, dès le XIXe siècle, réfléchit sur les pouvoirs et les conséquences néfastes de la technoculture propre à la société industrielle. L’étude des œuvres de Jean-Baptiste Cousin de Grainville, d’Alfred Bonnardot et de Camille Flammarion permet d’observer comment la littérature à la fois s’empare des savoirs et détourne ceux qui portent sur l’économie de la nature et sur le climat, désamorçant les peurs et produisant un certain inconscient de la crise climatique. PubDate: 2022-08-12 DOI: 10.18778/1505-9065.17.1.02 Issue No:Vol. 17, No. 1 (2022)
Authors:Judyta Zbierska-Mościcka Pages: 27 - 39 Abstract: Le thème de l’animal dans la littérature contemporaine répond au besoin de faire face à une crise de l’humain, amenée par une globalisation sauvage et une marchandisation de la vie qu’accompagnent une mise à mal de plus en plus menaçante de la planète que l’homme détruit dans sa poursuite du gain et dans son triomphalisme revendiqué. La littérature réagit à cette action destructrice de l’anthropocène et travaille à restituer à la nature et à l’animal la présence qu’ils ont toujours eue à côté de l’homme, mais que l’homme a irrespectueusement sous-estimée. L’article étudie le cycle Les Petits Dieux de Sandrine Willems et se focalise notamment sur la représentation du rapport entre le monde humain et le monde animal. Il s’agit de voir comment l’écriture de Willems thématise l’idée de l’espace partagé, de la rencontre, du regard et du sens qui découle du croisement des destins humains et animaux. La réflexion de Jean-Christophe Bailly nourrit les analyses présentées dans l’article. PubDate: 2022-08-12 DOI: 10.18778/1505-9065.17.1.03 Issue No:Vol. 17, No. 1 (2022)
Authors:Sonia Zlitni-Fitouri Pages: 41 - 50 Abstract: Il s’agit de montrer, dans cette étude, comment l’écrivain tunisien Yamen Manai, met en scène dans L’Amas ardent les mécanismes d’une crise environnementale doublée d’une crise politique. Il y pose un double regard à la fois nostalgique sur le temps d’« avant-crise », celui d’une relation harmonieuse entre l’homme et la nature, et inquiet face à un monde en danger. Cette inquiétude écologique semble s’affirmer à travers un réalisme magique et une imagerie donnant l’impression d’un climat de « crise » générale. Ce récit, sous forme de conte, mêle en effet subtilement écologie et satire politique dans la Tunisie moderne. Le Don, un apiculteur vivant auprès de ses abeilles, loin des hommes et de l’agitation du monde, voit un jour ses ruches saccagées et ses abeilles coupées en deux par milliers. En s’interrogeant sur ce redoutable fléau, il part en quête de ce mystère dans une contrée bouleversée par le printemps arabe, en proie aux fanatiques de Dieu. L’écriture de la crise, écartant toute forme de pathos, s’appuie sur une verve ironique rappelant les contes philosophiques de Voltaire et une réflexion sur les questions environnementales qui débouche sur un imaginaire écologique. PubDate: 2022-08-12 DOI: 10.18778/1505-9065.17.1.04 Issue No:Vol. 17, No. 1 (2022)
Authors:Małgorzata Sokołowicz Pages: 51 - 65 Abstract: Le but de cette contribution est de répondre à la question de savoir pourquoi dans les Jardins maures, cycle de nouvelles de l’écrivaine et peintre française de l’époque coloniale, Aline Réveillaud de Lens (1881-1925), l’imaginaire du jardin s’unit à celui de la crise. Avons-nous affaire tout simplement à la crise du jardin compris comme un espace paradisiaque ou s’agit-t-il d’autres crises encore que l’écrivaine évoque en se servant de cette union incongrue du jardin et de la crise ' Pour répondre à ces questions, nous avons divisé notre article en trois parties. La première présentera brièvement l’écrivaine et le cycle. La deuxième montrera que le jardin en crise peut cacher des crises propres à la société musulmane et la troisième décrira le jardin en crise comme la crise d’un certain rêve. PubDate: 2022-08-12 DOI: 10.18778/1505-9065.17.1.05 Issue No:Vol. 17, No. 1 (2022)
Authors:Anita Staroń Pages: 67 - 78 Abstract: L’article présente l’image de la crise telle qu’elle émane de Dans le puits, texte à valeur autobiographique écrit par Rachilde durant la Première Guerre mondiale. Le livre donne accès à la perception qu’a l’auteure de la guerre, de la peur et de l’impossibilité d’écrire de la fiction en ces temps de réalité traumatique. Rachilde, d’habitude écrivaine prolifique, qui a toujours écrit au moins une œuvre de fiction par an, se trouve réduite au silence, incapable d’exprimer la cruauté de la guerre. Dans le puits est sa seule publication un peu longue de cette époque, en même temps qu’une tentative de décrire les faits à travers sa subjectivité, afin de découvrir leur vraie signification. PubDate: 2022-08-12 DOI: 10.18778/1505-9065.17.1.06 Issue No:Vol. 17, No. 1 (2022)
Authors:Sylvie Brodziak Pages: 79 - 89 Abstract: Depuis son roman Archéologie du chaos (amoureux) paru en 2007, Mustapha Benfodil s’applique à mettre en œuvre le programme énoncé par l’un de ses personnages : DECONSTRUIRE L’ORDRE NARRATIF NATIONAL. Son dernier roman, Alger, journal intense, publié en septembre 2019, en témoigne. Dans celui-ci comme dans tous ses textes, Benfodil fait exploser la langue, les genres, les formes discursives et éditoriales. Avec jubilation, colère et humour, il met à nouveau l’écriture en crise pour conter l’Algérie victime, depuis octobre 1988, d’une terrible série de crises. Ainsi, douze ans après, nous verrons comment, grâce à l’écriture déjantée de la fiction, Benfodil saisit le chaos historique dont l’Algérie post-coloniale essaie de sortir. PubDate: 2022-08-12 DOI: 10.18778/1505-9065.17.1.07 Issue No:Vol. 17, No. 1 (2022)
Authors:Eric Chevrette Pages: 91 - 103 Abstract: Après avoir écouté les témoignages de survivants tutsis (Dans le nu de la vie, 2000), l’écrivain et journaliste français Jean Hatzfeld a renversé la perspective en recueillant les récits de génocidaires hutus, avec la publication d’Une saison de machettes (2003). Cet article montre comment les récits des bourreaux sont empreints d’indicible, étant marqués par une démarche discursive calculée et réifiante, qui vise plus à taire qu’à dire en détournant et en orientant l’acte narratif. L’expérience de l’événement y est réduite à sa dimension factuelle, évacuant par l’occasion toute subjectivation. Une telle posture rhétorique, parfois très directe et très crue, mais surtout empreinte d’euphémismes et de détournements, contribue à dépersonnaliser les bourreaux, donc à normaliser l’extrême violence et à occulter le visage tutsi. PubDate: 2022-08-12 DOI: 10.18778/1505-9065.17.1.08 Issue No:Vol. 17, No. 1 (2022)
Authors:Przemysław Szczur Pages: 105 - 115 Abstract: Le présent article constitue une tentative d’exploiter, à des fins d’analyse du personnage littéraire, la notion de crise d’identité, récemment développée par Nathalie Heinich dans son ouvrage Ce que n’est pas l’identité. Pour ce faire, l’auteur s’appuie sur des exemples tirés de romans de Leïla Houari (Ni langue ni pays) et de Girolamo Santocono (Dinddra), deux auteurs belges contemporains d’origine migrante. Leurs personnages, migrants ou descendants de migrants, vivent des expériences qui s’apparentent à celle conceptualisée par Heinich. L’auteur interroge les raisons de ces crises identitaires (post)migratoires, leur déroulement et leur issue. Il s’avère que l’identité des migrant(e)s et de leurs descendant(e)s, marquée par une instabilité fondamentale, est particulièrement sujette à la crise. Toutefois, si l’identité (post)migratoire peut souvent être qualifiée de « crisique », les crises que traversent les personnages aboutissent habituellement à un dénouement positif. PubDate: 2022-08-12 DOI: 10.18778/1505-9065.17.1.09 Issue No:Vol. 17, No. 1 (2022)
Authors:Renata Jakubczuk Pages: 117 - 129 Abstract: Le présent article propose une étude de la crise des relations familiales à partir d’une sélection de six pièces de dramaturges africains contemporains peu étudiés jusqu’ici. Après avoir présenté les problèmes rencontrés par ces jeunes dramaturges africains face à l’utilisation de la langue et aux difficulté de publier leurs textes, l’étude aborde différents types de crise que peut vivre aujourd’hui une famille africaine : crise d’adolescence dans Bintou de Koffi Kwahulé (Côte d’Ivoire), « crise » financière dans La Dernière enveloppe de Pierre Mumbere Mujomba (République démocratique du Congo), crise familiale liée à l’inceste dans Einsteinnette de David-Minor Ilunga (RDC), crise sociale dans Tour de contrôle de Célestin Kasongo (RDC), crise de couple dans À bout de sueurs de Hakim Bah (Guinée), crise migratoire dans Passe pas, l’homme ! de Faustin Keoua-Leturmy. PubDate: 2022-08-12 DOI: 10.18778/1505-9065.17.1.10 Issue No:Vol. 17, No. 1 (2022)
Authors:Sylwia Kucharuk Pages: 131 - 141 Abstract: Le présent article se propose d’analyser les différents aspects de la crise présents dans la pièce Le Roi, le rat et le fou du Roi de Matéi Visniec. Dans cette pièce grotesque, on passe d’une crise de la monarchie, située dans un univers à la fois carnavalesque et révolutionnaire, à une crise de l’humanité dans la société démocratique. La folie des dirigeants, la dégénérescence de la société, la crise de la parole et la manipulation de l’Histoire, qui est au service de la politique, tels sont les principaux visages de la crise dénoncés par l’auteur à travers les différentes formes du grotesque et autour desquels s’articule la présente analyse. PubDate: 2022-08-12 DOI: 10.18778/1505-9065.17.1.11 Issue No:Vol. 17, No. 1 (2022)
Authors:Tomasz Kaczmarek Pages: 143 - 154 Abstract: La Maison d’os de Rolland Dubillard se situe explicitement dans le sillage de la « dramaturgie rhapsodique » qui remet en cause les contraintes de la forme canonique que Szondi a définie comme le « drame absolu ». N’étant pas fondée sur un grand conflit, la construction de l’œuvre ne respecte pas la dynamique de l’action (au demeurant, inexistante), tout en se concentrant sur la confrontation d’un protagoniste avec lui-même. Ainsi, l’intersubjectif, sur lequel est bâtie une pièce traditionnelle, cède la place à l’intrasubjectif qui se manifeste, en l’occurrence, au travers d’un monodrame polyphonique. De fait, en étudiant le texte de Dubillard, on constate que l’auteur renonce à l’ancien paradigme pour mieux explorer l’intériorité du personnage principal. Celui-ci mène une vie de solitaire, entouré par ses nombreux valets qui semblent les pâles reflets de son âme déchirée. S’affranchissant du monologue, l’écrivain conçoit de cette manière un monodrame à plusieurs voix. Ce procédé ne signifie pourtant pas la crise du genre, il constitue une des solutions permettant son évolution. PubDate: 2022-08-12 DOI: 10.18778/1505-9065.17.1.12 Issue No:Vol. 17, No. 1 (2022)
Authors:Anna Opiela-Mrozik Pages: 155 - 166 Abstract: L’article présente les traits principaux de la personnalité de Jean de Tinan et de son écriture qui est l’inscription des crises sentimentales vécues par ce romancier fin-de-siècle mort prématurément. Sa recherche désespérée de l’amour conjuguée à « l’impuissance d’aimer » se reflète dans les imperfections et l’hybridité de sa création littéraire. Les textes autofictifs de Tinan, (Un document sur l’impuissance d’aimer et, plus particulièrement, Penses-tu réussir !) témoignent d’une crise du roman : composés de notes, bouts de préfaces et fragments divers, ils sont rédigés dans un style primesautier, souvent métadiscursif et discontinu à l’extrême. Cependant, derrière une négligence de la forme et du style se cache l’émotion sincère d’un mal-aimé. L’écriture de Tinan assure un refuge, voire une thérapeutique que s’est inventée un homme malade. Tout en étalant sa souffrance, celle-ci lui apporte du soulagement. L’article se propose de réfléchir sur la fonction compensatrice de l’écriture de Tinan. PubDate: 2022-08-12 DOI: 10.18778/1505-9065.17.1.13 Issue No:Vol. 17, No. 1 (2022)
Authors:Eliza Sasin Pages: 169 - 179 Abstract: La fin du XIXe siècle en France est marquée par plusieurs crises parmi lesquelles la crise sociale et la crise de la littérature. Dans ce contexte, Georges Rodenbach a élaboré un poème en plusieurs parties, Les Vies encloses qui, dans la lignée des courants du symbolisme et du décadentisme, contient de nombreuses références à la philosophie de Schopenhauer. L’auteur y montre l’âme isolée aux prises avec le monde, sa recherche d’identité et sa découverte d’une vie intérieure profonde. À partir de ce qu’Edgar Morin dit de la crise et des pensées de Rodenbach lui-même, il est possible d’interpréter les différentes phases de la crise psychique que traverse cette âme, manifeste dans le contraste entre la lumière et les ténèbres, les mondes extérieur et intérieur, la sécurité et le danger et, finalement, entre la vie et la mort. PubDate: 2022-08-12 DOI: 10.18778/1505-9065.17.1.14 Issue No:Vol. 17, No. 1 (2022)
Authors:Stanisław Jasionowicz Pages: 181 - 194 Abstract: L’article a pour but de confronter deux variantes de « l’imaginaire de la crise » se manifestant dans les pratiques poétiques de deux écrivains francophones contemporains, Michel Houellebecq et Colette Nys-Mazure. L’examen de quelques traits caractéristiques de leurs univers imaginaires, représentés entre autres par les figures du Père et de la Mère, permet de réfléchir sur les motivations profondes de leurs attitudes artistiques et existentielles. Il s’avérera que les stratégies poétiques qu’ils adoptent face aux problèmes existentiels fondamentaux restent en correspondance plus ou moins directe avec les vertus chrétiennes (la foi, l’espérance et l’amour), même si le point de départ pour Houellebecq (athée ou agnostique) est la « part sombre » de l’existence alors que Nys-Mazure (chrétienne, catholique) choisit sa « part claire », tous deux préfèrent construire que démolir. L’intuition d’une transcendance qui émane de leur soif d’harmonie poursuivie dans le monde chaotique contemporain permet de constater que la poésie, contredisant la crise du sujet et celle de la société, détient les moyens qui permettent de s’opposer – non sans succès – à la fameuse « crise de vers ». PubDate: 2022-08-12 DOI: 10.18778/1505-9065.17.1.15 Issue No:Vol. 17, No. 1 (2022)
Authors:Magdalena Wojciechowska Pages: 195 - 205 Abstract: L’objectif du présent article est de démontrer que malgré le pessimisme apparent de la narration, témoignant d’une société en crise, les récits de Michel Houellebecq fournissent également des indications précieuses quant à la manière dont ces crises peuvent être surmontées, ce qui les situe parmi les ouvrages littéraires dits « réparateurs ». L’analyse des origines et des enjeux de la crise sociétale ainsi que de la manière dont celle-ci résonne dans l’univers houellebecquien constitue la première partie de l’étude et le point de départ de réflexions sur le rôle de la poétique du désordre dans la réconciliation avec soi-même et avec le monde. Les dispositifs assurant une meilleure gestion des phases critiques – l’empathie, l’ironie, l’humour – sont bien présents chez l’écrivain. L’examen d’extraits de deux de ses romans, La Possibilité d’une île (2005) et Sérotonine (2019), permettra de mieux comprendre comment y sont exploitées les possibilités qu’offrent ces outils. PubDate: 2022-08-12 DOI: 10.18778/1505-9065.17.1.16 Issue No:Vol. 17, No. 1 (2022)
Authors:Anna Maziarczyk Pages: 207 - 217 Abstract: L’article porte sur les modalités d’investissement littéraire de la crise dans Article 353 du code pénal, le plus réaliste des romans de Tanguy Viel. En nous appuyant sur des théories de la crise, nous étudions la manière dont l’auteur parle du drame humain engendré par la récession économique et des phénomènes pathologiques qui y sont liés. Nous faisons aussi ressortir la dimension didactique du texte qui consiste à dénoncer les arnaques financières, appuyées sur une parfaite connaissance des mécanismes psychiques qui s’activent chez l’individu dans des situations critiques. Notre but est de démontrer que, par Article 353 du code pénal, Viel cherche à éclairer sur le fait que la crise existentielle déclenchée par des pertes ou des abus de confiance subis dans la vie et le sentiment d’impuissance face au destin est une épreuve encore plus accablante et dévastatrice si elle atteint un individu vulnérable qui manque de force psychique pour s’en relever. PubDate: 2022-08-12 DOI: 10.18778/1505-9065.17.1.17 Issue No:Vol. 17, No. 1 (2022)
Authors:Anna Ledwina Pages: 219 - 230 Abstract: À travers Les Mandarins, Simone de Beauvoir met en scène la crise qui touche les milieux intellectuels français derrière des personnages d’écrivains aux prises avec les dilemmes idéologiques et politiques de l’après-guerre. Ces personnages, réfléchissant à l’utilité de leurs œuvres, se posent la question fondamentale : « pourquoi / pour quoi écrire et agir ». Dans l’optique beauvoirienne, il y a deux positions : d’une part l’engagement, la nécessité de prendre conscience de la situation, d’agir ; d’autre part l’idée de l’autonomie de la littérature. De cette ambivalence résulteraient la défaite des attentes et des espoirs communs, le conformisme, la polarisation des valeurs ainsi que les échecs sentimentaux. L’histoire des « illusions brisées » de ce milieu permet à l’auteure de rendre compte de l’importance de la morale, de la responsabilité et de la présence d’autrui ainsi que de rejeter le conformisme et la crise des valeurs. La crise des Mandarins s’exprime par leur capacité à révéler le plus intime en l’accordant aux malaises d’une époque pour les transformer en urgences politiques et éthiques. PubDate: 2022-08-12 DOI: 10.18778/1505-9065.17.1.18 Issue No:Vol. 17, No. 1 (2022)
Authors:Laure Lévêque Pages: 231 - 243 Abstract: Marqué par les dérives d’un XXe siècle tombé dans les pires excès et dans l’horreur nue, Robert Merle, romancier humaniste et engagé, en vient à questionner l’humanité de l’homme. Chez cet écrivain populaire, cela passe par l’inscription dans les genres en vogue de l’anticipation ou de la dystopie où les dauphins Fa et Bi sont plus avisés que les humains (Un animal doué de raison, 1967), espèce qui ne mérite pas forcément de se perpétuer (Les hommes protégés, 1974). En 1972, avec Malevil, Merle sacrifie à la littérature post-apocalyptique et imagine qu’une catastrophe nucléaire a ramené l’homme à une condition primaire, situation qui lui sert à penser la crise politique et morale au cœur de la cité. Mais, au-delà de cette classique fonction révélatrice, l’heuristique de la crise confronte Merle aux points aveugles de son référentiel idéologique et le texte met finalement en crise jusqu’aux positions progressistes affichées par l’auteur, rabattant le roman sur les positions réactionnaires qu’un Barjavel développe dans Ravage (1943). PubDate: 2022-08-12 DOI: 10.18778/1505-9065.17.1.19 Issue No:Vol. 17, No. 1 (2022)