Abstract: Reality can be regarded either as the intelligible (the correlate of thought) or as the sensuous (the correlate of experience), as remarked by Plato and Hegel, and it is necessarily posited as objectively existing and ascertainable, namely as a positive. Hence, one can hold either a positivism of the sensuous, like Husserl, or a positivism of the intelligible, like the German idealists. According to the former, the real is the sensuous given and has eidetic structures independent of thought, therefore logical thought-forms have no real meaning, proper ontology is the eidetic description of the given as such, and world-constitution has an irrational ground. According to the latter, instead, the real is the thought and has a logical structure, whereas the sensuous given is an illusion. Unlike Husserl’s, however, the idealists’ positivism cannot account for world-constitution, because it downplays the constitutive function of the sensuous given and its structures, which cannot be really modified by thought. PubDate: Thu, 07 Sep 2023 00:00:00 +020
Abstract: Les premiers travaux de Jacques Derrida s’inscrivent dans une appartenance critique à la phénoménologie. On considère ici les textes qu’il a consacrés à Husserl entre le milieu des années cinquante et la fin des années soixante. En prenant pour pierre de touche les lectures qu’il accomplit de l’Idée au sens kantien, on suit de près les glissements qui s’y opèrent autour de l’opposition entre intention et intuition. On y décèle l’efflorescence d’une problématique de la possibilité essentielle de la non-intuition qui supporte celle de la possibilité de l’impossibilité, qui prendra plus tard un poids considérable dans la pensée de Derrida. PubDate: Mon, 17 Jul 2023 00:00:00 +020
Abstract: Grégory Cormann, Sartre. Une anthropologie politique 1920-1980, Peter Lang, Bruxelles, 2021, 384 pages. Prix : 55,64€. ISBN : 9782807615892. Un Sartre éclaté Je fréquente les textes phénoménologiques de Grégory Cormann depuis une petite dizaine d’années. Cette fréquentation a rendu possible une compréhension, certes limitée, de l’ouvrage complexe Sartre, une anthropologie politique paru chez Peter Lang en 2021. Complexe, l’ouvrage l’est dans le propos autant que dans la structure. Une première résistance réside dans la juxtaposition de plusieurs textes au statut divers (tantôt qualifiés de « chapitres », tantôt d’« articles »), ce qui met à l’épreuve les habitudes d’une lecture fluide et systématique, agencée autour d’une logique argumentative rigoureuse — l’auteur explicite bien entendu cette singularité. Alors que l’introduction annonce une analyse au plus près des mots de Jean-Paul Sartre, la première partie commence par un long détour par Martin Heidegger et par les passeurs de sa pensée sur le territoire français (Jean Wahl, Alexandre Koyré, Henry Corbin, Emmanuel Levinas et l’importante revue Recherches philosophiques publiée de 1931 à 1937). Mais ce détour est capital pour cerner le progressif déploiement de plusieurs notions ou thématiques constitutives de l’œuvre du Sartre des décennies 1930-1940 : angoisse, facticité, existence, situation, ustensilité et, partant, émotion (entre autres). L’une des idées centrales de l’ouvrage est de délimiter la manière dont le phi PubDate: Tue, 11 Apr 2023 00:00:00 +020
Abstract: La découverte husserlienne de l’intentionnalité, qui accorde à la conscience le pouvoir exceptionnel dans sa manière de viser le monde, n’a pas été sans conséquences majeures sur le mouvement phénoménologique contemporain et sur le rapport du sujet avec l’objet. Non seulement elle a permis à ses successeurs de déployer des hérésies, en tant que réinterprétations nouvelles par rapport à l’orthodoxie de la pensée du maître, mais aussi et surtout lesdites réinterprétations ont mis à l’épreuve la conception husserlienne de l’évidence. Celle-ci n’est pas simplement la propriété de l’intuition du cogito méditant sur le monde ; elle relève aussi des signes dans lesquels transite toute connaissance certaine. C’est l’approche que j’adopte dans cette étude où j’entreprends de faire le lien entre signe et évidence à partir de la phénoménologie de Paul Ricœur. L’enjeu phénoménologique étant la conception du sujet capable de reprendre autrement son expérience d’appartenance au monde. Même si l’œuvre de Ricœur paraît muette à propos de l’évidence, sa reprise attentive augure la signification de ce concept dans l’expérience de médiation. C’est ainsi que la notion de greffe de l’herméneutique sur la phénoménologie sera un gage important pour cette réflexion. L’hypothèse de travail émise ici est celle qui fait de « l’environnement incarné » le lieu d’expérience concrète dans lequel le sujet et le signe trouvent leur évidence. Plutôt que d’opposer radicalement la phénoménologie et l’herméneutique, Ricœur propose de les recomposer dans une dialectique qui permet de cerner le sens de l’évidence à partir de la reprise par le sujet des configurations déjà-là, dans le monde commun des hommes. Aussi, cette capacité de reprise est une ouverture au problème de traduction qui met en exergue la dialectique de l’identité et de l’altérité, du propre et de l’étranger dans l’œuvre de Ricœur. PubDate: Fri, 17 Feb 2023 00:00:00 +010
Abstract: Du 2 au 6 mai 2022, s’est tenue à Liège la seizième édition du séminaire annuel de recherche du Centre de recherches phénoménologiques (Creph), édition consacrée au thème de l’intuition et de l’évidence et à la problématique de leur supposée immédiateté. Pendant toute une semaine, vingt-cinq chercheuses et chercheurs, provenant de huit pays différents, ont travaillé ensemble cette question pour tout à la fois souligner la singularité d’un mode de connaissance qui prétend ne pas être inféré — et justifié par — d’autres connaissances et mettre en lumière les dispositifs de médiation généralement nécessaires à le rendre possible. En reprenant dix des interventions qui avaient été présentées et collectivement discutées cette semaine-là, le présent volume fournit un bon aperçu des analyses formulées et des arguments échangés alors. Gageons que leur lecture éclairera les phénoménologues et plus généralement les épistémologues sur ces notions pleines de promesses – et, pour cette raison aussi, hautement suspectes — d’« intuition » et d’« évidence ». 1. L’immédiateté de l’intuition La prétention à un certain privilège de l’intuition à titre de mode de connaissance immédiat constitue assurément un motif épistémologique bien antérieur à l’avènement de la phénoménologie contemporaine. Dans les Règles pour la direction de l’esprit (Regulae ad directionem ingenii), Descartes avait déjà très explicitement opposé deux actes de l’entendement par lesquels « nous pouvons parvenir à la connais PubDate: Fri, 17 Feb 2023 00:00:00 +010
Abstract: Les Essais décrivent inlassablement et diversement notre rapport médié à « ce qui est ». Le jugement et la perception, tels que Montaigne les analyse et les critique philosophiquement en vue de les purifier et de les pratiquer le plus sainement qu’il peut, se déploient ordinairement dans un état de corruption et d’altération. Au travers du brouillard et des nuages que constituent les trois principales médiations que nous étudions ici, à savoir l’empire de la coutume, la puissance des passions, et la force de l’imagination, ce qui apparaît est biaisé. Car ce sont autant de « travers » qui déforment ce qui est, et que nous tâchons d’expliciter par quelques cas phénoménologiques. L’examen de ce qui altère et corrompt le jugement, pour le dénoncer dans l’espoir d’accéder à l’immédiateté véritable, entraîne un curieux renversement, car l’on découvre que ce qui produit l’évidence, du moins dans les objets sensibles et quotidiens dont traite Montaigne, se révèle paradoxalement comme ce qui détourne de la chose même, et surtout qu’au contact de ce qui est, le jugement et la perception se trouvent étrangement bouleversés. PubDate: Fri, 17 Feb 2023 00:00:00 +010
Abstract: Cet article se propose de discuter la conception de l’expérience doxique proposée par Pierre Bourdieu dans l’Esquisse d’une théorie de la pratique, Le sens pratique ou encore les Méditations pascaliennes. Ce faisant, nous cherchons à montrer que cette théorie de l’expérience doxique est une analyse que Bourdieu conçoit lui-même comme une entreprise phénoménologique, même si celle-ci relève nécessairement, à ses yeux, d’une phénoménologie « sociologiquement fondée ». Nous confrontons ensuite cette conception de l’expérience doxique à la théorie husserlienne de l’évidence comprise comme « ce qui va de soi » (Selbstverständlichkeit), afin de faire apparaître les effets en retour de cette conception bourdieusienne, en particulier pour repenser la naturalité de l’attitude naturelle. PubDate: Fri, 17 Feb 2023 00:00:00 +010
Abstract: Cette contribution part de l’hypothèse selon laquelle (1) la problématisation heideggérienne de la donation interprétative de la vie à elle-même est menée dès 1919 dans une perspective de facto ontologique selon laquelle la donation (« es gibt ») est envisagée comme un événement élémentaire de l’historicité de la vie et que (2) c’est grâce à cette perspective que Heidegger parvient à penser le caractère à la fois médié et immédiat de l’intuition herméneutique. Après la reconstruction de la conception moniste de l’expérience impliquée par la réélaboration herméneutique de l’intentionnalité, nous essayons de montrer que le moment réceptif du comprendre est à trouver dans la reconfiguration de la situation d’expression antéprédicative comme actualisation de l’horizon d’anticipations catégoriales de la vie. Dans ce sens, l’appropriation contextuelle du langage légué par l’histoire s’accomplit comme possibilisation de la praxis concrète et — finalement — du projet existentiel du Dasein. Nous concluons notre contribution en suggérant que cette pensée de la réceptivité du comprendre est inséparable d’une conception essentiellement phronétique du langage et que l’immédiateté de l’intuition herméneutique s’avère avoir un sens proprement existentiel. PubDate: Fri, 17 Feb 2023 00:00:00 +010
Abstract: Cet article veut clarifier la façon dont la phénoménologie husserlienne a relevé les défis épistémologiques posés par la dimension formelle qui caractérise les mathématiques depuis la modernité. Après avoir montré comment cette question nait des problèmes sémiotiques rencontrés par Husserl dans sa première œuvre, je vais dévoiler pourquoi les difficultés d’une conceptualisation adéquate du formel sont essentiellement liées aux ambiguïtés qui accompagnent les langues symboliques. D’un côté, les dispositifs symboliques permettent une extension de la connaissance exacte grâce à l’élargissement du concept d’intuition, qui englobe ainsi même des formes médiées d’évidence. De l’autre, ils sont par leur nature particulièrement exposés au risque de l’équivoque logique et du malentendu. Ma stratégie sera d’aborder cet enjeu à travers la comparaison avec la conception du langage symbolique de Frege, en montrant pourquoi elle exemplifie, selon la perspective husserlienne, ce type d’équivoques. PubDate: Fri, 17 Feb 2023 00:00:00 +010
Abstract: Ici nous proposons une défense nuancée du caractère donateur d’évidence des intuitions d’un point de vue husserlien, mais à travers une démonstration de la capacité de la seule intuition à différencier divers niveaux de non-sens. Notre point de départ sera la description des fonctions de visée intentionnelle et de remplissement intuitif dans la première Recherche logique et celle de la stratification de différents niveaux de combinaisons grammaticales de signes selon leur possibilité de remplissement dans les Recherches III et IV, que nous comparerons aux descriptions wittgensteiniennes, schlickéens et meinongiennes de ces mêmes possibilités de combiner des signes selon des règles grammaticales en objets absurdes (widersinnig), dépourvus de sens (sinnlos) ou au contraire susceptibles d’un remplissement intuitif. Nous verrons que les critères husserliens sont les seuls à même de distinguer entre des objets qui sont dicibles du point de vue d’une grammaire (et donc constituable au niveau de l’intention signitive) des énoncés mais inconstituables du point de vue intuitif (widersinnige Gegenstände) et ceux qui ne sont même pas constituables signitivement (et qui sont donc unsinnig), et que les intuitions donatrices d’évidence sont les seules capables de fonder cette distinction. PubDate: Fri, 17 Feb 2023 00:00:00 +010