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- L’enseignement supérieur en recomposition
Abstract: Joanie Cayouette-Remblière et Pierre Doray
- Gouverner la sélection scolaire par un instrument : le cas de la
« cote de rendement au collégial » des universités québécoises Abstract: Stéphane Moulin, Benoît Laplante, Mathieu Lépine, Marie Blain, Pierre Canisius Kamanzi et Charles Duffy La cote de rendement au collégial (CRC) est la pierre angulaire de la gouvernance de la sélection à l’entrée à l’université au Québec. En s’inscrivant dans la perspective de la sociologie de la quantification et dans celle de la sociopolitique de l’instrumentation de l’action publique, cet article vise à saisir le contexte sociohistorique qui a conduit au choix de la CRC, les discours qui justifient ce choix et les conceptions de l’équité qui sous-tendent son usage. L’article s’appuie sur une analyse des documents d’action publique produits depuis la création des cégeps ainsi que sur une analyse des propriétés mathématiques de la CRC. Il montre une double transformation de la gouvernance de la sélection, qui tend de plus en plus à réduire le principe d’équité à un choix technique et à donner du poids à la force du groupe collégial plutôt qu’au rang. L’analyse des propriétés mathématiques de la CRC confirme que, loin d’être neutre, cet instrument de sélection repose sur une conception de l’équité selon laquelle le passé des étudiant∙es inscrit∙es dans des groupes homogènes forts au collégial serait garant de leur avenir en matière de réussite scolaire. Dans un contexte de hiérarchisation et de compétition des établissements collégiaux, cet instrument conduit in fine à un double standard d’évaluation et renforce ultimement les inégalités sociales d’accès à l’université.
- Entrer dans l’enseignement supérieur avec un « bac pro » : une
sélection biaisée Abstract: Fanette Merlin Cet article examine l’accès des bacheliers professionnels à un diplôme de l’enseignement supérieur en France à la lumière de deux évolutions récentes majeures : l’explosion du nombre de bacheliers professionnels et la hausse continue de leur taux d’inscription dans l’enseignement supérieur. Entre 2000 et 2015, la conjonction de ces deux phénomènes a conduit à multiplier quasiment par quatre le nombre de bacheliers professionnels engagés dans l’enseignement supérieur. Dans cette recherche, nous expliquons les freins et les leviers de ces nouveaux parcours éducatifs à travers les déterminants de la sélection formelle dans l’enseignement supérieur. La sélection formelle est le moment où l’institution éducative choisit les candidats autorisés à s’inscrire dans la filière demandée : la section de technicien supérieur (STS), filière essentielle de poursuite d’études des diplômés du baccalauréat professionnel, apparaît ici comme une formation hautement concurrentielle, qui mobilise à l’endroit des candidats des critères de sélection invisibles, voire illégitimes, désavantageant notamment les élèves issus de milieux populaires, les étrangers et les boursiers. Par ailleurs, bien que théoriquement favorisés par une politique publique mise en place en 2013, les bacheliers professionnels restent en 2018 pénalisés pour entrer en STS, par rapport aux autres bacheliers.
- Ce que masquent les « nouveaux publics étudiants » : les enjeux de
la troisième massification de l’enseignement supérieur français Abstract: Mathieu Rossignol-Brunet, Leïla Frouillou, Marie-Paule Couto et Fanny Bugeja-Bloch Cet article revient sur l’expression « nouveaux publics étudiants », popularisée dans le contexte français à la suite de la seconde massification scolaire (1985-1995) pour caractériser l’apparition d’une population étudiante moins dotée à la fois socialement et scolairement. Or, cette expression est utilisée depuis plusieurs décennies maintenant pour évoquer ces publics inscrits à l’université française, sans pour autant être remise en question. À travers une recherche articulant les recensions de cette notion dans la presse, les discours institutionnels, la littérature grise et les travaux scientifiques, avec des analyses sur plusieurs bases de données (enquête Conditions de vie de l’OVE, bases Admission Post-Bac 2016 et Parcoursup 2019), nous montrons tout d’abord que l’expression est fréquemment utilisée, notamment en période de réformes, pour désigner les étudiant·es non titulaires d’un baccalauréat général. Dans un second temps, le recours aux données permet de mettre en évidence une augmentation importante des effectifs étudiants depuis le début des années 2010, conséquence de l’accroissement du nombre de bachelier·es professionnel·les conjugué au boom démographique du début des années 2000 : il paraît alors pertinent de parler de troisième massification scolaire. Ces étudiant·es s’inscrivent par ailleurs davantage dans les licences de sciences, par rapport à celles de lettres et sciences humaines. L’analyse des caractéristiques sociales et scolaires des publics permet de montrer que cette augmentation des néo-entrant·es dans l’enseignement supérieur ne s’accompagne pas d’une plus grande diversité sociale. En revanche, la comparaison de la répartition des publics étudiants au sein des universités franciliennes en 2016 et en 2019 met en évidence une segmentation scolaire accrue entre les établissements de premier cycle, laquelle creuse les inégalités déjà présentes dans l’enseignement supérieur.
- Démocratisations ségrégatives et parcours éducatifs des bacs +5 :
une étude pour trois générations de diplômés de bac +5 Abstract: Philippe Lemistre Pendant la première décennie des années 2000, le nombre de diplômés de niveau master a augmenté considérablement en France. En se penchant sur l’accès à ce niveau de diplôme, le premier objectif de l’article était de mettre en évidence de possibles ségrégations liées à la diversification des parcours, notamment à une augmentation notable des trajectoires où figure un diplôme du premier cycle du supérieur technique, trajectoires où dominent les classes populaires et moyennes. Le second objectif était d’examiner la poursuite ou non sur le marché du travail de ces ségrégations ayant cours dans le système éducatif. À cette fin, trois enquêtes du Céreq de 2001, de 2007 et de 2013 pour des sortants du système éducatif de 1998, de 2004 et de 2010 ont été mobilisées, et 26 trajectoires de diplômés de niveau master ont été constituées. En fonction du parcours dans le supérieur et aussi dans le secondaire, les trajectoires s’avèrent fortement ségréguées selon l’origine sociale et le genre. Toutefois, les ségrégations liées à l’origine sociale dans le système éducatif ne se prolongent pas toujours sur le marché du travail, notamment à la faveur de plusieurs trajectoires où figure un diplôme du premier cycle du supérieur technique. Il s’agit néanmoins surtout de trajectoires masculines, et les ségrégations de genre demeurent élevées. Les résultats invitent à relier plus systématiquement les ségrégations dans le système éducatif à celles vécues sur le marché du travail. Ils interrogent également la poursuite de cette « relative » amélioration en matière de promotion sociale, alors qu’actuellement le nombre d’inscriptions en master diminue en France.
- L’internationalisation de l’enseignement supérieur à Singapour : un
modèle élitiste à la croisée des « mondes » ' Abstract: Valérie Erlich et Jimmy Stef Sous l’effet des politiques d’internationalisation, Singapour se positionne aujourd’hui comme l’un des pôles mondiaux de l’enseignement supérieur les plus sélectifs. Comment ces politiques se sont-elles imposées à Singapour' Se sont-elles développées selon un modèle hégémonique occidental' La concurrence entre les établissements publics et privés s’est-elle intensifiée' Les élites étudiantes se sont-elles renouvelées' Pour répondre à ces questions, l’article analyse l’impact des dynamiques d’internationalisation sur le système d’enseignement supérieur à Singapour au cours des cinquante dernières années. L’intensification de la dimension internationale à Singapour témoigne d’une reconfiguration de la structuration de ses formations et de la fabrication de ses élites. Sur la base d’une enquête de terrain combinant analyses d’entretiens auprès d’acteurs institutionnels, discours politiques et sources documentaires, l’article montre que les universités publiques singapouriennes offrent aujourd’hui des formations d’élite classées parmi les meilleures d’Asie, accueillant prioritairement les étudiants nationaux les plus dotés scolairement, dont les flux s’accroissent depuis 2010 au détriment de ceux des étudiants internationaux. De son côté, le système privé lucratif des établissements délocalisés à Singapour répond à de fortes exigences de qualité et permet de recruter un plus grand nombre d’étudiants en mobilité. En découle une dichotomie entre une élite publique formée dans les universités nationales plus sélectives scolairement et une élite privée incarnée dans les établissements privés plus sélectifs économiquement. L’enquête démontre que l’enseignement supérieur singapourien a acquis une position dominante régionale grâce à des décisions appuyées sur des valeurs inspirées à la fois du monde occidental technologiquement développé et du monde oriental en croissance rapide.
- L’institutionnalisation de la science politique dans l’enseignement
supérieur camerounais : émergence institutionnelle, ancrage épistémique et champ politiste globalisé Abstract: Moïse Tchingankong Yanou La présente étude rend compte de l’institutionnalisation de la science politique dans l’enseignement supérieur camerounais à partir de la perspective analytique du transfert international des normes. Elle permet de découvrir que l’organisation managériale de la discipline, l’élaboration des cursus de formation, l’initiation à la manipulation des théories fondatrices et le développement des trajectoires de recherche reposent sur des expériences occidentales. Le corollaire est la formation d’un espace universitaire extraverti d’émulation du politiste qui, cependant, s’impose comme acteur du marché scientifique global par la connaissance alternative mais cumulative qu’il propose.
- Devenir étudiant·e dans un territoire d’outre-mer : les mécanismes
de la démocratisation ségrégative de l’enseignement supérieur en Polynésie française Abstract: Hugo Bréant Les dépenses publiques en matière d’éducation constituent l’un des premiers postes budgétaires en Polynésie française et ont permis de renforcer les infrastructures, de diversifier l’offre locale de formation et de démocratiser l’accès à l’enseignement supérieur. Cette massification de l’accès aux formations postbaccalauréat laisse cependant dans l’ombre la persistance de fortes inégalités. Dans le débat public local, le « retard historique » du système éducatif polynésien est souvent mis en avant pour expliquer ces disparités. À partir d’une enquête postdoctorale menée à l’aide de méthodes mixtes, cet article démontre que des mécanismes à la fois territoriaux, scolaires, genrés et sociaux se combinent pour expliquer cette démocratisation ségrégative. Ainsi, l’accès des bachelier∙ères polynésien·nes à des parcours d’études locaux (à Tahiti), nationaux (en métropole) ou internationaux (au Canada notamment) demeure encore très inégalement réparti dans l’espace social local. Au-delà de la question de l’efficacité des investissements publics, une telle perspective interroge le rôle de l’institution scolaire dans la reproduction des inégalités.
- Professionnaliser, oui, mais comment ' Tensions identitaires chez et
entre les acteurs universitaires de la discipline STAPS en France Abstract: Philippe Terral En prenant le cas des STAPS (sciences et techniques des activités physiques et sportives) en France, cet article se propose d’aborder, au plus près des savoirs construits et offerts à l’université, la question de la professionnalisation de ses formations en considérant les tensions identitaires que cet objectif est susceptible de produire chez et entre les acteurs de cette discipline. Notre analyse se fonde sur deux séries d’entretiens (avec au total 54 acteurs enseignant dans les formations STAPS) relevant d’une enquête longitudinale menée en deux temps (1997-2002; 2015-2019) et des observations ethnographiques participantes sur toute la période (1997-2019) dans différents espaces universitaires de cette discipline (réunions, discussions plus informelles, etc.). Nous montrons dans un premier temps que la question de la professionnalisation accroît les tensions intra- et inter-individuelles compte tenu de la dynamique de spécialisation et de segmentation croissante des activités des acteurs. Nous soulignons ensuite combien cet objectif accentue les débats et les oppositions entre les visions « académique » et « professionnalisante » des formations universitaires. Après avoir mis en évidence les fondements organisationnels, axiologiques et plus strictement épistémiques de ces deux grandes conceptions de la formation, nous nous attardons sur la façon dont la question de la professionnalisation fait ressortir la double contrainte de validité et d’utilité des connaissances et participe à porter une critique utilitariste des savoirs universitaires et de leurs modes de validation.
- L’innovation pédagogique rend-elle l’université plus juste ' Le cas
d’une initiative locale en faveur de l’égalité des chances Abstract: Maud Aigle Depuis une vingtaine d’années, les préoccupations politiques concernant le décrochage à l’université et les programmes mis sur pied pour lutter contre ce phénomène contribuent à reformuler la question de la justice sociale dans l’enseignement supérieur. La transformation du cadre normatif qui oriente l’action publique s’accompagne du recours à des instruments spécifiques, privilégiant l’« innovation » comme mode de régulation des inégalités. En prenant pour objet un projet de lutte contre le décrochage porté par des enseignants et des membres du personnel administratif d’un IUT, cet article s’intéresse à la manière dont se construit la légitimité de l’innovation pédagogique au sein de l’espace universitaire. L’analyse du travail quotidien mené par les membres montre que le processus par lequel une activité pédagogique singulière est hissée au rang de standard ne relève pas uniquement d’un mouvement d’adhésion à des valeurs communes. Il repose également sur le déploiement d’instruments de gestion assurant une régulation managériale des établissements.
- Être doctorant·e dans un laboratoire de recherche en histoire et en
histoire de l’art : entre appartenance commune et intégrations différenciées à l’institution Abstract: Nicolas Broisin, Perrine Camus-Joyet, Camille Cordier, Irène Gimenez, César Jaquier, Elsa Neuville, William Fize et Lucie Roudergues À partir d’enquêtes par questionnaires puis par entretiens, cet article analyse l’intégration des doctorant·es au sein d’un laboratoire français de recherche en histoire et en histoire de l’art modernes et contemporaines (« Lab »), au service d’une réflexion plus globale sur la production des inégalités dans les domaines de l’enseignement supérieur et de la recherche. L’enquête fait le constat de l’absence de constitution d’un collectif de doctorant·es, tant entre elles et eux qu’au sein du laboratoire. Plusieurs raisons sont avancées pour expliquer cette absence. En premier lieu, la communauté des doctorant·es n’existe qu’en théorie : elles et ils ont des parcours avec de fortes différences, qu’il s’agisse de leur situation financière, de leur localisation géographique ou de leur parcours de vie. Cette situation est complexifiée par le statut hybride des doctorant‧es, qui les maintient dans une professionnalisation inachevée. Et si une image de doctorant·e imaginaire semble être partagée, les vécus révélés par l’enquête plaident pour des différences profondes dans l’appréhension de cette période particulière de la vie d’un·e chercheur·euse. Dans cette diversité, le laboratoire pourrait apparaître comme un acteur unifiant. Or, impensé par la quasi-totalité des doctorant‧es à l’entrée de thèse, il est l’objet d’un intérêt lointain par la suite, sans devenir une réelle structure d’appui pour la majorité d’entre elles et eux.
- L’autonomie des universités à l’épreuve des politiques
institutionnelles au Québec Abstract: Abdoulaye Anne et Étienne Chabot Traditionnellement, la relation entre le gouvernement québécois et les universités s’est établie sur la base de l’autonomie de ces dernières, principe reconnu par la Commission royale d’enquête sur l’enseignement dans la province de Québec (commission Parent) en 1964. À la lumière d’un cadre d’analyse des politiques éducatives intégrant des approches sociocognitives (Lessard et al. 2008; Lessard et Carpentier, 2015), nous posons l’idée que l’autonomie institutionnelle apparaît comme un référentiel sectoriel qui donne sens aux actions des membres de la communauté universitaire et qui cristallise leur vision de leur rôle et de leur place dans la société (Muller, 1995). Toutefois, en dépit de cette autonomie, l’institution universitaire reste, pour certains, soumise à diverses pressions du fait de l’action de l’État remettant en question son autonomie. Ces pressions sont alors circonstancielles (ex. : crise sanitaire comme la COVID-19) ou inscrites dans des évolutions politiques ou sociales plus globales (ex. : démocratisation de l’enseignement, néolibéralisme, etc.). À travers l’analyse de trois interventions étatiques ciblées : (i) la Loi sur l’Université du Québec et la création du Conseil des universités (1968), (ii) la Politique à l’égard des universités (2000) et (iii) les directives ministérielles liées à la crise sanitaire de la COVID-19 (2020-2021), nous tentons de montrer que ces pressions résultent d’une tension entre le référentiel sectoriel, soit l’autonomie institutionnelle, et les référentiels globaux dominants.
- Note de recherche. Les universités et leurs étudiant·es en temps de
pandémie au Québec : une analyse à chaud Abstract: Pierre Doray, Amenan Rachel Kongo et Simon Bilodeau-Carrier En mars 2020, peu après l’apparition de la COVID-19, l’OMS déclare l’état de pandémie, signe d’une rapide internationalisation de la propagation du virus. Dans chaque pays, nous assistons au déclenchement de nombreuses mesures de précautions face à l’ampleur de la menace que représente cette crise, laquelle est également marquée par de fortes incertitudes dans différents champs sociaux, dont l’enseignement universitaire. Cet article propose des hypothèses de recherche plausibles portant sur les parcours éducatifs des étudiant·es en confrontant les appréhensions formulées dans la sphère publique et quelques données sur les inscriptions dans les universités québécoises. Notre analyse dégage une situation avec des retombées fort différentes sur les parcours des étudiant·es. D’une part, les appréhensions conduisent à penser un processus de fragilisation des parcours éducatifs. D’autre part, l’évolution des inscriptions fait ressortir des changements variables (en croissance ou en décroissance) selon le sexe, l’âge, le statut légal des étudiant·es et les cycles d’études.
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