Authors:Denis Denisov Pages: 22–4 - 22–4 Abstract: Cet article décrit et analyse les évolutions des préférences politiques parmi les ouvriers de Sébastopol durant l’intervention française (novembre 1918 – mai 1919). Après avoir brièvement présenté une vue d’ensemble du paysage social de la cité portuaire durant la Guerre civile russe, il s’agira de se pencher sur les interactions entre ouvriers, marins étrangers et partis politiques. Cet article a pour objectif d’étudier la bolchévisation du milieu ouvrier de Sébastopol à partir des parcours de plusieurs ouvriers locaux. De la distribution de tracts révolutionnaires jusqu’à l’agitation dans les cafés, les cantines, et les usines, en passant par de nombreuses autres activités illégales, quelle a été la tactique des bolcheviks afin de rallier les ouvriers locaux à leur cause ' PubDate: 2021-12-22 DOI: 10.5077/journals/connexe.2021.e532 Issue No:Vol. 7 (2021)
Authors:Hanna Perekhoda Pages: 45–6 - 45–6 Abstract: Suite à la révolution russe de février 1917, la définition du territoire de l’Ukraine est devenue un enjeu important. Une des controverses majeures concernait l’appartenance de sa partie orientale, région fortement industrialisée et se trouvant à mi-chemin entre le noyau russe et la périphérie ukrainienne de l’Empire russe. Cet article s’intéresse au clivage au sein du Parti bolchevique qui opposait les adeptes de l’appartenance du Donbass à l’Ukraine aux défenseurs d’une république de Donets-Krivoï Rog rattachée à la Russie. Nous démontrons qu’il ne s’agissait pas tant du conflit idéologique entre les «« pro-russes » et les «« pro-ukrainiens », mais d’une divergence d’opinions quant à la stratégie militaire et politique à mettre en place afin de préserver les acquis de la révolution et de rendre possible son expansion. La décision de Moscou d’appuyer le projet d’une Ukraine soviétique, excluant de ce fait toute possibilité de séparation de sa région orientale, trouve son explication tant dans la volonté de remédier aux problèmes immédiats (contourner les dispositions d’un traité de paix, renforcer le contrôle sur les institutions soviétiques locales) que dans la recherche de solutions à long terme (faire avancer la révolution mondiale, garantir la stabilité d’un État multiethnique issu de la désintégration de l’Empire russe). PubDate: 2021-12-22 DOI: 10.5077/journals/connexe.2021.e322 Issue No:Vol. 7 (2021)
Authors:Kirill Nazarenko Pages: 65–8 - 65–8 Abstract: Le destin des officiers russes pendant la Guerre civile est un champ d’étude toujours actif. L’auteur a constitué une base de données des officiers de la Marine, aux fins d’analyse prosopographique. Cette analyse statistique des biographies après 1917 permet de savoir précisément quel pourcentage d’officiers a rejoint tel camp politique, s’est abstenu de participer à la Guerre civile, a émigré ou est resté en Russie soviétique, quelle proportion a changé de camp, etc. On peut ainsi faire le point sur leurs engagements politiques de façon objective. Même si elle représente un pas en avant par rapport aux approches souvent partielles et partiales qui prévalaient dans l’historiographie, l’étude prosopographique et statistique n’a d’intérêt que si elle permet aussi d’interroger les motivations des acteurs, de détailler les facteurs, idéologiques ou de carrière, qui ont déterminé leurs choix politiques et d’en évaluer l’influence respective. Pour ce faire, cet article se concentre sur les officiers de marine qui étaient enregistrés à Petrograd en 1918, au moment de la dissolution de l’ancienne marine impériale par décision du nouveau pouvoir bolchevique. PubDate: 2021-12-22 DOI: 10.5077/journals/connexe.2021.e319 Issue No:Vol. 7 (2021)
Authors:Elizaveta Zhdankova Pages: 83–1 - 83–1 Abstract: Dans les années 1920 en URSS, le thème de la Guerre civile s’impose comme incontournable dans la culture de masse de cette période, et plus spécifiquement dans la production cinématographique soviétique. Produits dans un contexte de pénuries – les cinéastes expérimenté·e·s ainsi que le Celluloïd manquent–, ces films, qui mettent en scène une vision simplifiée des évènements, ont un but de propagande essentiel pour le nouveau régime bolchevique. Il s’agit dans cet article d’analyser la réception de ces films à partir des sondages d’opinion auprès des spectateur·rice·s et à partir des discussions publiques autour de ces œuvres. Ce travail traite de la rupture générationnelle concernant la réception de cette production: les films qui suscitent l’engouement d’un jeune public sont souvent plus critiqués par les générations plus âgées, survivantes de la Guerre civile. En effet, ces dernières considèrent que les mises en scènes ne font pas honneur à leurs sacrifices durant ces années de conflit. La violence de certains plans, le sang à l’écran, ainsi que le sort des personnages principaux se trouvent au cœur de vives discussions. Cette étude se concentre sur la mémoire et la commémoration de la Guerre civile dans la première décennie de l'après-guerre. PubDate: 2021-12-22 DOI: 10.5077/journals/connexe.2021.e614 Issue No:Vol. 7 (2021)
Authors:Alexandre Bourmeyster Pages: 108– - 108– Abstract: Lorsqu’on évoque la Campagne de glace [Ledjanoj pohod], on songe naturellement à l’Armée des volontaires partie de Rostov le 9 février 1918 sous le commandement du général Lavr Kornilov à la conquête d’Ekaterinodar. Toutefois, l’on ignore trop souvent le rôle décisif joué, à partir d’Ekaterinodar, par Victor Pokrovskij à la tête d’une armée du Kouban qui infligea de lourdes défaites aux bolcheviks dès janvier 1918. Dans son récit, mon père, Nikolaj von Buhrmeister, officier de l’artillerie de la Garde, raconte comment il quitte le front et gagne Ekaterinodar à la fin du mois de décembre 1917, avec deux camarades de sa brigade. Ils s’engagent dans le corps de Volontaires que Viktor Pokrovskij forme sous l’égide de la Rada du Kouban. Avec leur artillerie, ils participent aux premières victoires remportées sur les bolcheviks, mais bientôt, le rapport des forces rend impossible la défense d’Ekaterinodar. Une fois les canons noyés, les artilleurs forment l’escorte de Pokrovskij, commandant de l’armée du Kouban, dans le repli qu’elle opère en montagne. À l’issue de combats incessants, elle effectue sa jonction avec l’armée des Volontaires de Kornilov. Après la mort de Kornilov et l’échec devant Ekaterinodar, la cavalerie de Pokrovskij assure la couverture de cette armée en retraite vers le Don et s’agrandit à mesure que s’accroît le recrutement des cosaques sous son impulsion. Mon père décrit avec vivacité les épisodes de cette épopée, insolite pour un ancien élève du Corps des Pages. PubDate: 2021-12-22 DOI: 10.5077/journals/connexe.2021.e609 Issue No:Vol. 7 (2021)
Authors:Alexis Berelowitch Pages: 126– - 126– Abstract: Cet article présente une synthèse des nouvelles connaissances sur la place de la paysannerie durant la Guerre civile en Russie de 1918 à 1922, obtenues grâce aux ouvertures des archives dans les années 1990 et leurs publications partielles par l’historien Viktor Danilov et le sociologue Teodor Shanin. Sans forcément bouleverser complètement l’image que l’on pouvait avoir précédemment sur cet épisode crucial de l’histoire russe du XXe siècle, elles la modifient ou la précisent sur bien des points. Tout d’abord, les soulèvements contre le pouvoir soviétique, bien plus nombreux qu’on ne le croyait précédemment, ont joué un rôle souvent décisif dans le déroulement de la Guerre civile et notamment dans la décision d’instaurer la NEP. Ni « Rouges » ni « Blancs », les paysans s’opposaient à la politique prédatrice des uns et des autres. Toutefois, ce que l’on trouve dans les archives, ce sont les récits des soulèvements dont beaucoup ont pour point de départ les réquisitions de blé par le pouvoir bolchevique, opérées par les détachements spéciaux, ou les enrôlements forcés dans l’Armée rouge. Ces révoltes sont d’envergures diverses. En effet, elles peuvent impliquer un seul village à des régions entières, quelques dizaines de personnes à plus de cent mille. Loin d’être monarchistes, les slogans des insurgés nous montrent un rejet de l’ancien régime et une adhésion aux soviets accompagnés d’un refus violent des bolcheviks, assimilés à des voleurs et des profiteurs. Les archives révèlent enfin dans le détail, certes la violence des insurgés, mais surtout celle de la répression massive dont ils furent les victimes. PubDate: 2021-12-22 DOI: 10.5077/journals/connexe.2021.e597 Issue No:Vol. 7 (2021)
Authors:Denis Denisov Pages: 153– - 153– Abstract: Cet article consiste en la publication d’une source issue des Archives d’État de la ville de Sébastopol, accompagnée d’un commentaire préliminaire qui examine l’utilité de ce document dans le cadre de l’étude de l’intervention française dans l’ancien Empire russe. Il s’agit d’un précieux témoignage d’une locale qui présente certains épisodes de la vie de son mari, un marin français nommé Jean Lebreton. Ce dernier déserte son cuirassier durant l’intervention française et s’installe à Sébastopol. Madame Lebreton, dont le prénom nous est inconnu, décrit ses mésaventures ainsi que celles de son époux et dévoile leur tragique destin. De surcroît, cette archive contient deux lettres de son mari écrites pendant que le couple était emprisonné à Constantinople en 1921. L’étude de ces documents semble pertinente tant dans une perspective d’histoire partagée que dans le cadre des études de genre, afin d’aborder l’épisode de la Révolution et de la Guerre civile russe. PubDate: 2021-12-22 DOI: 10.5077/journals/connexe.2021.e533 Issue No:Vol. 7 (2021)
Authors:Pierre Boutonnet Pages: 178– - 178– Abstract: Durant les années 1900–1914, le nombre d’exilés de l’Empire russe séjournant dans les grandes villes d’Europe pour échapper à la répression qui sévissait en Russie augmenta. Certains décédèrent sur leur lieu d’exil. Cet article revient sur les funérailles de cinq d’entre eux qui, hormis le premier, étaient membres du parti socialiste-révolutionnaire (PSR), un parti de la Deuxième Internationale à partir de 1904. Les obsèques de Pëtr Lavrov (en 1900 à Paris), de Pëtr Polivanov (en 1903 à Lorient), de Mihail’ Goc (en 1906 à Genève), de Grigorij Geršuni (en 1908 à Paris) et de Leonid Šiško (en 1910 à Paris) donnèrent lieu à des manifestations au cours desquelles des exilés politiques affirmèrent leurs convictions et soulignèrent ce qui faisait des défunts des révolutionnaires accomplis. Pëtr Lavrov et Grigori Geršuni furent inhumés au cimetière Montparnasse près de sépultures de Communards. Deux monuments furent érigés au-dessus de leur tombe. Un monument vint également orner la tombe de Mihaïl’ Goс au cimetière de Carouge à Genève. Les cinq funérailles dont il est question ici attirèrent non seulement des exilés politiques russes mais également des représentants de partis politiques affiliés à la Deuxième Internationale, des étudiants russes ainsi que des ouvriers émigrés venus des villes de l’Empire russe et des sympathisants socialistes français. Parmi les organisateurs de ces évènements, l’exilé Elie (Il’ja) Rubanovič joua un rôle éminent. Membre du comité central du PSR, disposant de la nationalité française, il mit en scène les liens unissant le PSR au socialisme international. Ces évènements furent des moments de recueillement, de cohésion pour des révolutionnaires affrontant au quotidien les affres de l’exil. PubDate: 2021-12-22 DOI: 10.5077/journals/connexe.2021.e608 Issue No:Vol. 7 (2021)
Authors:Georges Nivat Pages: 201– - 201– Abstract: Parti du film de la réalisatrice polonaise Agnieszka Holland, L’ombre de Staline, l’article est le fruit d’une relecture des articles et carnets de Gareth Jones, un intrépide jeune journaliste gallois qui, en 1931, après avoir interviewé Hitler, se met en tête d’interviewer Staline. Mais, arrivé à Moscou avec une lettre de recommandation de Lloyd George, il découvre par une collègue la grande famine en Ukraine, que le régime et presque tous les journalistes occidentaux en poste en URSS font tout pour masquer. Les articles et carnets de Gareth révèlent des détails effarants sur cette famine organisée pour pouvoir exporter autant de grain que possible. Le journaliste se joint aux paysans affamés, et subit lui-même la famine et ses premiers effets. Il est ensuite capturé par les services spéciaux qui lui proposent un marché : Gareth Jones est libéré et peut rejoindre l’Angleterre, mais il doit alors démentir les « fausses rumeurs », sinon, six ingénieurs anglais, tout spécialement arrêtés et accusés d’espionnage, vont être condamnés. L’article étudie l’effet du tabou stalinien relayé par la presse occidentale, après que Jones ait vainement clamé la vérité (et ait été tué en Mandchourie deux ans plus tard – probablement par vengeance). Puis, cet article montre la lente progression des études sur cet effrayant épisode d’une famine provoquée. Tout d’abord, le camouflage obstiné, mis en place par le journaliste américain et prix Pullizer en 1932, Walter Duranty, sera étudié. Ensuite, la lente avancée des connaissances sur cette période sera examinée, depuis les travaux de Boris Souvarine et son Staline (1935), jusqu’aux recherches de Robert Conquest publiées dans Harvest of Sorrow (1986), pour terminer avec le dernier ouvrage d’Anne Applebaum, Red Famine (2017), qui pose, entre autres, la question : La Grande Famine en Ukraine correspond-elle au crime de génocide ' Aujourd’hui, le rôle de Gareth Jones est reconnu dans l’Ukraine indépendante, et sa nièce, auteur du livre Gareth Jones : The Manchukuo Incident, paru en 1999, a reçu pour lui, à titre posthume, l’Ordre du Mérite ukrainien. PubDate: 2021-12-22 DOI: 10.5077/journals/connexe.2021.e607 Issue No:Vol. 7 (2021)