Authors:Mehdi Berriah First page: 431 Abstract: Source: Volume 65, Issue 4, pp 431 - 469Le dimanche 3 ramaḍān 702/21 avril 1303, à Šaqḥab, une localité située à une quarantaine de kilomètres au sud de Damas, les Mamelouks vainquirent l’armée ilkhanide après deux jours de rudes combats. Cette nouvelle défaite des Mongols ilkhanides marqua la fin de tout espoir pour ces derniers de reconquérir un jour la Syrie. Outre la victoire, la manière par laquelle les Mamelouks battirent leurs ennemis, plus nombreux, démontre, à bien des égards, leur supériorité tactique sur le champ de bataille. À partir du croisement des sources narratives et didactiques, cet article tente de faire la lumière sur un des aspects de l’art de la guerre des Mamelouks baḥrites.On Sunday 3 ramaḍān 702/21 April 1303, at Šaqḥab, a locality situated at forty kilometers from the South of Damascus, the Mamluks vainquished the Ilkhanid army after two days of hard fights. This new defeat of the Ilkhanid Mongols marked the end of all hope for the latter to ever reconquer Syria. Besides victory, the manner in which the Mamluks defeated their more numerous enemies demonstrated, in many ways, their tactical superiority on the battlefield. From the intersection of narrative and didactic sources, this article attempts to shed light on one aspect of the Mamluk baḥrites art of war.This article is in French. PubDate: 2018-08-31T00:00:00Z
Authors:Wissam Halabi Halawi First page: 470 Abstract: Source: Volume 65, Issue 4, pp 470 - 500Les premiers traités du Canon druze dont la rédaction remonte au V e/XI e siècle jettent les bases d’une doctrine religieuse nouvelle et ébauchent succinctement et de manière souvent ambigüe les préceptes moraux, mais aussi juridiques et juridictionnels auxquels les adeptes devaient désormais se soumettre, les lois (šarāʾiʿ) antérieures ayant été abrogées par la Volonté divine. Les savants druzes du IX e/XV e siècle, notamment l’émir al-Sayyid (m. 884/1479) et ses disciples, tentèrent d’expliquer ces traités afin d’établir des principes juridico-religieux adaptés à leur milieu rural et des règles destinées à organiser le fonctionnement interne de la communauté des adeptes. L’historiographie traditionnelle considère toutefois que seul al-Sayyid est l’architecte de ce « renouveau druze » ; par conséquent, elle lui confère le statut de plus grand réformateur druze de tous les temps et lui attribue un ensemble d’écrits théologiques et juridiques que les initiés observent scrupuleusement depuis lors. Or, une lecture critique de ce corpus inédit datant en partie de la fin du IX e/XV e siècle révèle que l’émergence des premières institutions druzes, religieuses et judiciaires, ainsi que la théorisation et la systématisation du droit druze sont postérieures à l’action sayyidienne.The Epistles of the Druze Canon, written in the 5th/11th century, lay down the foundations for a new religious doctrine, and give a brief and sometimes ambiguous outline of the moral, juridical and judicial precepts to which believers should submit henceforth, all previous legal doctrines (šarāʾiʿ) having been abrogated by the divine Will. Premodern Druze scholars, especially the Emir al-Sayyid (d. 884/1479) and his disciples, attempted to explain these canonical treatises with the aim of establishing legal and religious principles adapted to their rural milieu and posing rules designed to organise the community. Traditional Druze historiography considers the Emir al-Sayyid to be the only and greatest Druze reformer of all time, the “architect” of Druze renaissance in sum, and falsely attributes to him a collection of theological and legal writings (the “Great Exegeses”) which are scrupulously applied by religious people up to the present day. However, a critical examination of this unpublished corpus (dating from the latter part of the 9th/15th century) shows however that the Druze legal theory, as well as the first religious and judiciary Druze institutions emerged after the death of al-Sayyid.This article is in French. PubDate: 2018-08-31T00:00:00Z
Authors:Marie-Aimée Germanos First page: 501 Abstract: Source: Volume 65, Issue 4, pp 501 - 536Cet article s’intéresse aux fonctions de l’alternance entre arabe standard et vernaculaire ainsi qu’aux connotations des deux codes dans un discours prononcé par Hassan Nasrallah. Au regard des travaux antérieurs adoptant une approche fonctionnelle – comme c’est le cas ici – de l’alternance dans le discours politique arabophone, l’intérêt du texte analysé est double. Le premier aspect intéressant de la prise de parole concerne le positionnement, dans l’opposition, de l’orateur. Le deuxième a trait à la longueur de cette allocution, qui permet l’observation de schémas récurrents d’alternance. Il ressort de l’analyse dont les résultats sont présentés dans cet article que, dans le discours étudié, l’alternance est un procédé contrastif de mise en relief souvent utilisé en renforcement d’autres procédés rhétoriques ou stylistiques dont les fonctions sont proches. On aboutit en outre à la conclusion que les connotations de chacun des deux codes – le standard et le vernaculaire – se caractérisent par leur diversité, et que la réactivation, pour ce qui les concerne, d’une valeur spécifique, est propre à chaque énoncé.This article focuses on the functions of code-switching and on the semantic values of the two codes involved (Standard and Lebanese Arabic) in a 2007 political speech by the secretary-general of Hezbollah.The speech is interesting in two respects. Firstly, because Hassan Nasrallah was part of the opposition at the time, whereas available academic works dealing with the explanation of code-switching in political data are based on speeches given by heads of states. Secondly because, thanks to its length (1 hour and 23 minutes), it is possible to observe recurrent switching patterns.The analysis shows that, in this speech, code-switching is essentially a way of contrastively emphasizing part of a message, as it was originally claimed by J.J. Gumperz (1982), and that it is not an isolated strategy, since switches often co-occur with other stylistic devices. The semantic values of Lebanese Arabic and Standard Arabic for their part are multiple, and different values may be activated in different parts of the speech.This article is in French. PubDate: 2018-08-31T00:00:00Z
Authors:Pierre Larcher First page: 537 Abstract: Source: Volume 65, Issue 4, pp 537 - 544Dans le présent article, nous proposons de voir dans la phrase bihi ǧinna la base même du nom maǧnūn (« fou ») : les deux expressions sont synonymes, ayant la même distribution dans le Coran (Cor 34, 46 et 81, 22). De maǧnūn est dérivé régressivement le passif ǧunna (« être fou »), seul attesté. Celui-ci coïncide avec le passif de ǧanna (« cacher »). Cette coïncidence explique la contamination d’une famille lexicale par une autre : pour la tradition arabe, les djinns tirent leur nom de ce qu’ils sont cachés (iǧtinān). Maǧnūn n’est pas le seul exemple de participe sans verbe. On peut citer aussi mabrūk (« béni »), lié au nom baraka (« bénédiction »), et les participes actifs ǧāhiz (« prêt ») et sāliḥ (« armé »), dérivés régressivement des verbes ǧahhaza (« préparer ») et sallaḥa (« armer »), eux-mêmes dérivés des noms ǧihāz (« équipement ») et silāḥ (« armement »). Tous ces mots viennent rappeler que la formation et l’interprétation lexicales ne résultent pas du simple croisement d’une racine et d’un schème.In this article, we propose to see in the locative sentence bihi ǧinna the very basis of the noun maǧnūn (“mad, crazy”): the two expressions are synonymous, having the same distribution in the Koran (Kor 34, 46 and 81, 22). The passive ǧunna (“to be mad, crazy”), the only related verb attested, is back-formed from maǧnun and then coincides with the passive of ǧanna (“to hide”). This coincidence explains the contamination of one lexical family by another: according to the Arab tradition, the djinns derive their name from the fact that they are hidden (iǧtinān). Maǧnūn is not the only example of a participle without a verb. We can also cite mabrūk (“blessed”), linked to the noun baraka (“blessing”), and the active participles ǧāhiz (“ready”) and sāliḥ (“armed”), back-formed from the verbs ǧahhaza (“to prepare”) and sallaḥa (“to arm”), themselves derived from the nouns ǧihāz (“equipment”) and silāḥ (“weapon”). All these words remind us that word formation and interpretation do not result from the simple cross between a root and a pattern.This article is in French. PubDate: 2018-08-31T00:00:00Z