Authors:Georges Bohas, Ahyaf Sinno Abstract: L’objectif de l’article est d’étudier en quoi la conception que se fait Ibn Ǧinnī de la racine trilitère diffère de celle de la majorité des grammairiens arabes. Les pages 7 à 17 des Ḫaṣā’iṣ dans lesquelles il traite de la différence entre le qawl et le kalām permettent de répondre à cette question. C’est pourquoi nous les avons traduites et commentées. La conclusion à laquelle nous sommes parvenus est qu’Ibn Ǧinnī reste strictement trilitéraliste. Pour lui aucun des segments de la racine n’est saillant, rien qui ressemble à l’étymon de la théorie des matrices et des étymons. Son originalité consiste à mettre en cause la linéarité de la racine en étudiant les relations sémantiques entre les différentes réalisations permutées des deux racines qu’il examine : qwl et klm. PubDate: 2019-05-22
Authors:Hassan I. Bouali Abstract: Dans cet article, nous analysons le meurtre de ʿUṯmān à travers le point de vue de Muḥammad ibn Ǧarīr al-Ṭabarī (310/923), auteur du Tāriḫ al-rusūl wa’l-mulūk. Al-Ṭabarī rapporte de nombreux récits, mais le complot est la grille de lecture principale pour expliquer le meurtre. Le présent article analyse également la signification du meurtre dans le Tāriḫ d’al‑Ṭabarī. PubDate: 2019-05-22
Authors:Guillaume de Vaulx d’Arcy Abstract: La rencontre entre Aḥmad b. al‑Ṭayyib al‑Saraḫsī et Isrāʾīl al‑Kaskarī apparaît sous la forme d’une dispute interreligieuse classique légèrement caricaturale. Pourtant, la description des personnages en présence et la mise en rapport nouvelle des textes la manifeste comme un événement intellectuel de prime importance : derrière ces deux philosophes, ce sont les deux courants dominants de la pensée arabe, à savoir le pythagorisme vieillissant d’une part, et l’aristotélisme montant d’autre part, qui s’affrontent. Notre compréhension de ce texte repose sur notre hypothèse récente : al‑Saraḫsī serait l’auteur des Rasāʾil Iḫwān al‑ṣafā. L’analyse de la controverse est l’occasion de mettre à l’épreuve et d’exploiter cette hypothèse historique décisive, et constitue ainsi une des premières étapes dans la réécriture de l’histoire philosophique du ixe siècle. PubDate: 2019-05-22
Authors:Marc Gaborieau Abstract: Les premiers travaux sur les musulmans indiens, au début des années 1830, ont insisté sur le soufisme et le culte des saints ; ils ont mis en exergue les fakirs (arabe faqîr), membres de confréries « hétérodoxes », comme prêtres des classes populaires. Les recherches ethnologiques menées en Inde, au Népal et à Sri Lanka depuis 1960 ont précisé les rôles de ces « fakirs de campagne » – affiliés à l’ordre des Madârî dans le Nord et à celui des Rifâʿî dans le Sud – comme mendiants, ordonnateurs du culte des saints, faiseurs de miracles et prêtres funéraires. Des investigations historiques récentes sur les armées de l’Inde du Sud à l’époque moghole, puis coloniale, ont insisté sur la présence de soufis, rattachés aux ordres Naqshbandî et Rifâʿî, comme des sortes d’aumôniers militaires ; ils étaient souvent appelés Padre, terme portugais qui désignait à l’origine les prêtres catholiques. L’article conclut que ces soufis, à la campagne comme aux armées, devenus des intermédiaires indispen... PubDate: 2019-05-22
Authors:Abbès Zouache Abstract: Cet article traite de la vie et l’œuvre d’Aḥmad b. ʿAlī al‑Ḥarīrī. Il s’appuie essentiellement sur les marques extratextuelles des manuscrits conservés dans différentes bibliothèques. Il apparaît qu’al‑Ḥarīrī vécut probablement à Damas ou dans une cité libanaise à la fin du ixe/xve siècle et au début du xe/xvie siècle, et qu’il avait des liens avec le Liban, en particulier avec la région du Chouf, qui était dominée par les Druzes. Il mourut après 926/1520 et est l’auteur de trois livres. Le premier, le Kitāb Muntaḫab al‑zamān fī taʾrīḫ al‑ḫulafāʾ wa‑l‑ʿulamāʾ wa‑l‑aʿyān, traite de l’histoire des califats. Le second, le Kitāb ʿUmdat al‑ʿārifīn fī qiṣaṣ al‑nabiyyīn wa‑l‑umam al‑salāfiyya, qui est inédit, est un ouvrage de cosmographie et de géographie. Le troisième, intitulé le Kitāb al‑Iʿlām wa‑l‑tabyīn fī ḫurūǧ al‑Firanǧ al‑malāʿīn ʿalā bilād al‑muslimīn, est une histoire abrégée des croisades qui résume le Muntaḫab al‑zamān. PubDate: 2019-05-22
Authors:Marie‑Odile Rousset Abstract: En 1976, Thierry Bianquis accepta de co-diriger les fouilles de Raḥba-Mayādīn. Il souhaitait notamment découvrir si les Fatimides, bien qu’ayant eu un pouvoir effectif assez bref sur Raḥba, avaient laissé des traces matérielles de leur domination dans les confins orientaux de leur empire. La réponse à cette question s’est avérée négative. En revanche, la documentation issue des fouilles a permis de mettre en évidence certaines caractéristiques du peuplement de la vallée de l’Euphrate aux xie-xiie siècles, période très mal connue car peu représentée dans l’archéologie et les monuments syriens. À ce moment-là, l’architecture domestique et la production céramique de Raḥba sont particulières. Elles dénotent une forte influence de l’Iran oriental qui pourrait être la trace, dans la culture matérielle, de l’arrivée voire de la fixation des Seldjouqides dans la région. PubDate: 2019-05-22
Authors:Gérard Dédéyan Abstract: Cet article porte sur l’immigration des Pahlawouni dans l’Égypte fatimide et propose une interprétation de ses conséquences, à la fin du ve/xie siècle et dans les premières décennies du siècle suivant. Il retrace sa genèse et montre son impact sur le régime fatimide. L’analyse est centrée sur l’impulsion donnée par les vizirs arméniens Badr al‑Ǧamālī (m. 487/1094) et Bahrām (m. 535/1140). Cette immigration se déroule dans le contexte, difficile pour les Arméniens, des tentatives des Byzantins de se réapproprier des territoires qu’ils ont perdus, de la progression des Seldjouqides, puis de la création des États latins d’Orient par les Croisés. Les Arméniens parviennent à s’imposer en Égypte, où ils deviennent les protecteurs du califat, en particulier pendant le vizirat de Bahrām. Cependant, Bahrām doit faire face à une réaction anti-arménienne, et nombre de ses proches doivent retourner dans l’Euphratèse. PubDate: 2019-05-22
Authors:Thierry Bianquis, Abbès Zouache Abstract: Cet article présente la traduction commentée d’un extrait du Ḏayl taʾrīḫ Dimašq d’Ibn al‑Qalānisī (m. 555/1160). Réalisée par Thierry Bianquis, elle a été revue, complétée et commentée par Abbès Zouache. Les extraits traduits portent sur le gouvernement de Damas par des gouverneurs fatimides en 388/998‑999 : Bišāra al‑Iḫšidī et Ǧayš b. al‑Ṣamṣamā. Y est aussi racontée l’exécution de l’eunuque Barǧawān, l’homme fort du califat fatimide, sur ordre du calife al‑Ḥākim. Ibn al‑Qalānisī s’y révèle un historien scrupuleux mais aussi un littérateur dont l’écriture révèle les talents de conteur. PubDate: 2019-05-22
Authors:Jeannette Rose‑Albrecht Abstract: La Qubbat al-Bārūdiyyīn (513/1120) de Marrakech a, de longue date, révélé ses qualités esthétiques, ses sources, ses innovations. Construite au centre d’un complexe de latrines proche de la Grande mosquée, elle constitue aujourd’hui le seul élément architectural intact de la capitale almoravide. Aussi stimulant que surprenant, l’édifice démontre l’efficacité des techniques quand ils sont mis en œuvre par une créativité audacieuse. À partir de traditions complémentaires, l’architecte a développé une logique mathématique et transcendé des matériaux ordinaires. Il a dès lors réussi à créer une œuvre singulière « marrākušī ». La Qubbat al-Bārūdiyyīn peut être vue comme un fragment représentatif du chantier de la Grande mosquée. Assurément, ses commanditaires avaient l’ambition d’élever un centre urbain fastueux. PubDate: 2019-05-22
Authors:Mathieu Tillier Abstract: Dans son article de 1972 sur « La prise du pouvoir par les Fatimides en Égypte », Thierry Bianquis évoque à quelques reprises un fou de la Fusṭāṭ iḫšīdide, surnommé Sībawayh, une sorte dʾ« Alceste musulman » qui harcelait ses contemporains de sa misanthropie. Autrement ignoré de lʾhistoriographie contemporaine, le personnage nous est connu grâce à un opuscule que lui consacra al‑Ḥasan b. Ibrāhīm b. Zūlāq (m. 387/998). De vingt-deux ans son cadet, ce dernier lʾavait fréquenté de près et fut le témoin oculaire et auditif dʾun grand nombre de ses coups dʾéclat. En replaçant Sībawayh dans son contexte historique, je mʾinterroge sur la portée politique et sociale de la forme de folie dont il souffrit. Au‑delà des topoi que sa biographie partage avec le genre consacré aux « déments sensés » (ʿuqalāʾ al‑maǧānīn), Sībawayh, protégé par sa popularité auprès des masses et par sa démence, se fit le héraut dʾune partie des habitants de Fusṭāṭ exaspérés par le comportement de leurs élites et de ... PubDate: 2019-05-22