Authors:Eric Fougère Abstract: La frontière instaure une relation d’identité paradoxale : il y a deux côtés qui participent à la fois de ce qui sépare et de ce qui relie. Ces deux moitiés, rabattues, s’annulent et font place à l’errance : autant la frontière est en effet ce qui territorialise, autant son passage est ce qui désoriente. On distinguera cependant l’errance et le passage. Ici mouvement sans fin dans les marges, et là carrefour à la croisée de marques inventées par des chemins. Le passage implique un limen, où l’errance induit par défaut le limes. Un seuil est celui de l’île où, chez Le Clézio, des migrants sont internés pour être ensuite embarqués vers l’île Maurice. Une limite est le pont qu’empruntent les personnages de McCarthy pour franchir la frontière américano-mexicaine. Au lieu du but affiché (retour à des origines incertaines au contact d’un ailleurs), on touche à des limites où le dépassement révèle un envers intérieur amenant l’homme au bout de lui-même. Il n’y a pas de retour à l’endroit. ... PubDate: 2017-05-09
Authors:Natália Alves Abstract: Le voyage vers une destination lointaine et méconnue est une constante dans les œuvres dhôteliennes, comme si les personnages avaient obligatoirement un chemin à parcourir avant de découvrir le bonheur, dans un ailleurs qui, en fait, n’en est pas véritablement un. Nous constatons qu’il existe chez André Dhôtel l’intention de dévoiler le monde par le voyage, l’errance, la nature par les promenades. Outre le fait de vouloir quitter leur terre natale, il est commun que les personnages éprouvent une forte pulsion intérieure, qui les encourage à fuir leur quotidien. Nous nous proposons d’aborder la poétique dhôtelienne de l’errance dans les œuvres La Maison du bout du Monde, L’Île aux oiseaux de fer et Un Adieu, mille adieux où nous retrouvons ce besoin de partir à l’aventure en quête d’un idéal, d’un bonheur qui semble perdu. PubDate: 2017-05-09
Authors:Emilie Ieven Abstract: Cet article se propose d’analyser le potentiel utopique de l’errance et de réfléchir à celle-ci en tant que mouvement permettant de se réapproprier, de récréer certains rapports à l’espace, à la fois singuliers et multiples. Sur la base d’une tentative de définition de l’errance (construite à partir de l’étymologie du mot ainsi que de la philosophie de Deleuze et Guattari – plus précisément, les ouvrages L’Anti-Œdipe et Mille plateaux) et d’une analyse de trois romans de Jean Echenoz (Un An, Le Méridien de Greenwich, Les Grandes blondes), cet article cherchera donc à montrer que l’errance possède une véritable charge utopique, à même de permettre au personnage contemporain de nouer des rapport singuliers avec l’espace, en déjouant et en répondant aux problèmes et questions que celui-ci pose. PubDate: 2017-05-09
Authors:Dominique Faria Abstract: L’exil fonctionne comme une métaphore qui permet de mieux saisir les enjeux majeurs qui soutiennent et la traduction et la réflexion théorique et critique qui la prend pour objet. Une approche de la traduction portugaise du roman de Romain Gary, entendue comme texte en exil sert dans cet article à illustrer nos propos. PubDate: 2017-05-09
Authors:Adelaide Gregorio Fins Abstract: L’exil révèle la force du sujet qui refuse la violence et l’exilé est un sujet qui porte avec lui l’imaginaire coupable de l’abandon de la terre natale. À ce déplacement dans l’espace vient s’ajouter l’exil linguistique et culturel, qui touche la subjectivité et la représentation qu’un sujet peut avoir de son identité. Ainsi l’exil intime du sujet tient au fait du langage, il fonde son expérience subjective composée par la mélancolie et les traumatismes, car l’exilé c’est l’autre et cet autre, l’étranger, nous révèle à quel point nous sommes étrangers à nous-mêmes. Or, si Julia Kristeva représente l’exemple d’un exil réussi dans la langue, ses œuvres révèlent à travers la dimension psychanalytique le fait que le sujet moderne manque au savoir. Nous interrogeons ici à partir de Paul Ricœur et de Martha Nussbaum le sens de la transmission humaine et langagière de ce sujet intime fait de sollicitude à travers la question de l’identité narrative et littéraire PubDate: 2017-05-09
Authors:Mohamed-Racim Boughrara Abstract: À l’instar des écrivains arabophones qui ont connu l’exil, Tayeb Salih aborde dans son roman la question de la réappropriation de l’espace originel. De son expérience personnelle, il utilise la traversée comme matériau pour façonner un art fondé sur l’expression de l’identité mémorielle. La possession de la géographie est un enjeu central ; l’installation définitive des personnages dans leur terre natale annonçant la fin de leurs pérégrinations n’est pas toujours à considérer comme valorisée. L’espace premier jadis nid protecteur devient leur lieu d’exil. PubDate: 2017-05-09
Authors:Fatima Outeirinho Abstract: Quand il s’agit d’approcher Voyages en postcolonies, la question que l’on peut se poser, c’est précisément de savoir quel rôle le récit de voyage joue, témoin qu’il est d’un temps et expérience postcoloniale vécus par Stora. Si l’on s’attarde sur les comptes rendus critiques de Voyages en postcolonies, on s’aperçoit que, plutôt que de considérer ce livre comme un simple ensemble de récits de voyage, il est surtout question d’enjeux mémoriels et d’approches méthodologiques dans le domaine disciplinaire de l’histoire. Dans Voyages en postcolonies on est face à un narrateur à triple condition, celle du voyageur-témoin-historien. Il s’agira donc de réfléchir sur des questions de post-mémoire et histoire que les récits-essais-interventions citoyennes de Voyages en postcolonies soulèvent, ancrés qu’ils sont sur des expériences viatiques et exiliques. PubDate: 2017-05-09
Authors:Justine Feyereisen Abstract: L’exil des parents et grands-parents sahraouis de Jemia inspire à J.M.G. Le Clézio la rédaction du roman Désert, et de Gens des nuages, récit à deux mains de leur voyage sur les traces de ces nomades Aroussiyine. Fondés sur la transmission du souvenir personnel au regard de l’Histoire, ces textes illustrent le déploiement d’une « postmémoire » (Hirsch). Cette mémoire familiale adopte, selon nous, une forme essentiellement spatiale, qui pourrait être schématisée par l’idée de « tourbillon » (Benjamin). Entre répétition, renouvellement et résonance, les métaphores de la spiralité s’imprimeraient dans un rythme subjectif, calqué sur le déplacement des tribus dans l’espace désertique, et une trame narrative de laquelle disparaît l’auteur. Telle est l’hypothèse que cette contribution entend vérifier à partir d’une analyse textuelle, empreinte des notions propres aux études mémorielles. PubDate: 2017-05-09
Authors:Ferdulis Zita Odome Angone Abstract: L’article vise à analyser le concept du « Sankofa » illustré par Epupa, le personnage identifié comme fou dans les premiers romans de Léonora Miano. Pour ce faire, nous nous inspirons de la théorie du « délire de théâtralisation » de Glissant. Ce délire serait l’émanation symptomatique d’une amnésie collective à l’œuvre dans des sociétés anciennement colonisées. Pour comprendre les enjeux sociopolitiques de l’oubli en Afrique subsaharienne, entre devoir de mémoire, travail de mémoire, carence de mémoire, abus de mémoire et déficit critique, une démarche émancipatrice qui passe par la réélaboration de canons mémoriels inclusifs sera suggérée en guise de conclusion pour décoloniser/décloisonner les imaginaires transcontinentaux aussi bien en Afrique subsaharienne qu’en Occident. PubDate: 2017-05-09
Authors:Fabrice Schurmans Abstract: Cet article propose d’étudier la postmémoire de la souffrance ayant accompagné le trafic négrier dans deux romans, Beloved (Toni Morrison) et Humus (Fabienne Kanor). Dans la première partie, nous reviendrons sur les modes de représentation du corps de l’esclave ainsi que sur les limites de l’approche historique lorsque l’on veut rendre compte du trauma en question. Nous verrons que l’art est sans doute le mieux à même de rendre quelque chose de ce passé-là. Dans la seconde partie, le texte portera sur la représentation spécifique du corps de la femme-esclave afin de mettre en évidence la façon dont les femmes artistes articulent retour au passé et mise en scène de ce corps. Enfin, ce travail comparatiste au sein de l’Atlantique noir et féminin voudrait contribuer à l’émergence d’une histoire de l’Europe ouverte à ses altérités, consciente de la présence d’autres mémoires et postmémoires, produites souvent comme peu pertinentes ou comme inexistantes. Ce travail sur les postmémoires d... PubDate: 2017-05-09